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  • La malédiction du chat hongrois . - Irvin Yalom (Galaade Editions, août 2008)

    9782351760505.gifJ'avais été complètement séduite par Le bourreau de l'amour du même auteur et j'avais hâte de lire ce récit sous-titré Contes de psychothérapie.

    En commençant ce livre, je me suis demandée, en bonne bibliothécaire-qui-classe-ses-livres si je devais le mettre en psycho ou en roman. En effet ça commence comme Le bourrreau de l'amour par des séances de psychanalyse menées par un certain "Irv" qui est visiblement l'auteur lui-même. Il a toujours son extraordinaire talent qui nous permet de suivre une thérapie comme si c'était un polar !

    Pourquoi Irène reste-elle bloquée sur sa situation, pourquoi n'accepte-t-elle pas l'aide d'Irvin pour tenter de surmonter son deuil, quel est l'événement ou le rêve qui va la faire évoluer, pourquoi a-t-elle des réactions aussi imprévisibles ?

    Et Paula, qu'est-ce qui qui lui donne cette extraordinaire énergie pour aider les autres malades, mais pourquoi tout à coup se détache-t-elle d'Irvin, pourquoi lui en veut-elle, comment va-t-elle vivre cette rupture ?

    Le récit qui exprime le mieux l'humour de son auteur est celui de Myrna. D'ailleurs le thérapeute ne s'appelle plus Irvin mais Ernest... La thérapie de Myrna n'avance absolument pas, elle se montre étrangère, ne s'implique pas, ne raconte rien. Jusqu'au jour où elle s'anime, pose des questions, avance réellement. Ernest, d'abord embêté car il lui a fait une réflexion maladroite et blessante, pense que cette réflecion a été salutaire. Je vous laisse découvrir ce qui l'a fait changer... Ou comment le thérapeute doit se montrer modeste sur son rôle...

    Et le dernier récit est véritablement un conte et mérite que ce livre soit réellement classé dans les romans car cette fois c'est un récit quasi fantastique que nous propose l'auteur, avec une telle force qu'on se surprend à être effrayé, puis à douter, puis à rire !

    Bref je l'adore ce Irvin Yalom et, heureusement, je n'ai pas encore lu ses trois autres livres :-)

  • L'homme qui marchait sur la Lune . - Howard McCord (Gallmeister, août 2008)

    d31f7ad97e2d9635f565dd97a20214ce.gifLe narrateur est William Gasper. Il marche pendant des jours sur la "Lune", une montagne désertique au coeur du Nevada. Ce marcheur solitaire est un observateur attentif de la nature dont il est très proche, il est aussi un observateur de la nature humaine car ses monologues intérieurs témoignent d'une vie bien remplie. Peu à peu son passé s'éclaire. Ce sentiment d'être suivi, même dans ce lieu désert, ne lui est pas étranger, il a toujours vécu traqué et le danger ne lui fait pas peur. Les pans de sa vie s'entrouvrent quand on apprend qu'il a été tueur professionnel pour l'armée américaine.....


    Ce récit extrêment lent, jusqu'au coup de théâtre final, est un hommage à la nature et aux grands déserts américains. Le lyrisme avec lequel le narrateur en parle est vraiment très beau et l'inquiétude qui monte peu à peu accentue encore le caractère surnaturel de cette marche sur cette montagne. C'est presque un récit de voyage qui nous est présenté, n'était cette poursuite latente qui, on le sent, va mal se terminer... Voilà un roman extrêment original dans cette rentrée littéraire, d'un auteur américain vétéran de la guerre de Corée et auteur de plusieurs récits et recueils de poésie.


    A noter, les très beaux livres de l'éditeur Gallmeister qui s'est spécialisé dans les livres sur la nature, américaine surtout, que ce soit dans des romans, des polars ou des récits de voyage.

     

    Les avis tout aussi positifs de Cuné, Sylvie

  • Parlez-moi de la pluie (de Agnès Jaoui, avec Agnès Jaoui, Jean-Pierre Bacri, Jamel Debouzze, 2008)

    1dc9ad90e1c840787c1690e94e95f745.jpgAgathe, politicienne parachutée, revient dans le Sud de son enfance. Elle sait ce qu'elle veut, est énergique et règle sa vie comme son agenda, de manière efficace. Là-bas elle va retrouver sa soeur et ranger les affaires de leur mère, décédée depuis un an. Elle va aussi revoir Mimouna, leur nounou algérienne qui les a suivis en France. Karim, fils de Mimouna, veut faire un documentaire sur Agathe avec un ami à lui. Quelle visage va leur montrer cette féministe convaincue ? Va-t-elle réussir à garder cet aspect décidé, ou les événements vont-ils un peu la faire évoluer ?


    L'histoire de cette famille et des relations qui peu à peu  évoluent est du Jaoui/Bacri comme on en a déjà vu : Bacri râleur et fumeux, Jaoui directive, Jamel parfait avec des répliques écrites pour lui. Sans atteindre vraiment "Le goût des autres", c'est une brillante comédie où la tendresse et l'humour cohabitent avec l'émotion et la tendresse. Les relations parfois douloureuses entre soeurs sont bien vues, les humiliations des rapatriés algériens bien évoquées, la culpabilité ressentie par les uns et les autres traitée avec finesse. Voilà un très joli moment de cinéma un peu boudée par la critique, visiblement, mais qui va certainement plaire au public !

  • Je suis déjà venue ici . - Mariko Koike (Picquier, septembre 2008)

    84c0e3be10dd209268ceb69fb64442a8.jpgDans cette dizaine de nouvelles traduites du japonais, nous faisons connaissance avec les femmes japonaises aujourd'hui. Ni prudes, ni volages, elles essaient de vivre selon leur désir et bien sûr ce n'est pas facile. Que ce soit une serveuse et son client, une femme et son amant fou de ses petits plats, une belle-mère et son beau-fils, une femme et son amant d'un soir, toutes tentent de faire fi des modèles imposés et de vivre leur vie à elle.

     

    Ces récits ont beaucoup de charme et nous montrent une réalité japonaise qui pourrait tout à fait être aussi une réalité européenne. La libération de la femme est passée par là mais, même si cela permet de vivre plus librement, on voit que ce n'est hélas pas non plus un passeport pour le bonheur !

  • La vie en sourdine . - David Lodge (Rivages, août 2008)

    a4348f92068d3979fc93c41d247ad172.gifDesmond, le narrateur, est un professeur d'université en linguistique récemment mis à la retraite. Cette retraite se déroule très tranquillement entre la télévision, la lecture du journal, et quelques activités organisées par sa femme, plus jeune que lui et passionnée par son magasin de décoration. Rien que de très banal si ce n'est que Desmond est depuis plusieurs années affligé d'une surdité évolutive. D'abord discrète, cette surdité le handicape de plus en plus et toute sa vie s'en trouve bouleversée. Les appareils auditifs étant parfois plus gênants qu'efficaces, il a du mal à garder des relations sociales normales. Il ne réussit plus à partager une conversation pendant les dîners entre amis et se sent complètement exclu de leurs préoccupations. Sa femme finit par s'impatienter de devoir attendre qu'il ôte le casque de la TV et remette son appareil auditif pour lui parler. Et, pour compliquer le tout, dans une soirée de vernissage (très bruyante bien sûr), il répond poliment à une étudiante sans comprendre réellement ce qu'elle lui dit. En fait elle lui demande de l'aider à faire son mémoire de recherche sur les lettres de suicidés et leur analyse linguistique. Cette jeune fille ne tardera d'ailleurs pas à lui causer quelques soucis....Et, autre souci, il se rend compte que son père a de plus en plus de mal à vivre seul dans sa maison mais ne veut pas entendre parler d'aide sous quelque forme que ce soit...


    Le résumé, foisonnant, montre que Lodge n'a rien perdu de sa verve pour imbriquer et développer des histoires avec le ton enlevé et plein d'humour qui est le sien. La grosse différence avec ses romans (que j'ai à peu près tous lus sauf les tout derniers) est que cette fois la partie personnelle, la surdité et les problèmes avec son père, est complètement autobiographique (il le signale à la fin du livre) et donc que le récit prend une épaisseur beaucoup plus importante. L'analyse de ce que ressent quelqu'un qui perd peu à peu l'ouïe est poussée à son extrême, les aspects psychologiques sont extrêment bien décrits ainsi que la solitude et le sentiment de rejet que provoque cette infirmité. L'auteur ne perd rien de son humour pour en parler mais c'est sous un ton souvent cynique, et le ton oscille sans cesse entre l'humour caustique (le week-end dans le "Center Park" anglais, ainsi que les scènes avec l'étudiante) et l'extrême gravité (son impression d'être "emmuré", mais aussi sa visite à Auschwitz).



    J'ai été très agréablement surprise par ce dernier livre de Lodge dont j'avais un peu abandonné les histoires d'universitaires à le libido exacerbée. Déjà Thérapie lui avait permis de faire passer beaucoup d'auto-dérision dans son problème de douleur au genou qui devenait existentielle. Avec La vie en sourdine, on entre carrément dans ses pensées les plus secrètes et c'est toujours avec beaucoup de distance (c'est ce qu'on appelle l'humour anglais sans doute...) qu'il nous offre ce récit où l'émotion côtoie la causticité.


    L'article de Lire et le billet de Mazel qui cite l'article du Monde. L'avis d'Armande

     

  • Un jour avant Pâques . - Zoya Pirzad (Zulma, août 2008)

    c4586b82dc1ee8c8be4b8fd4c9391f23.gifCe récit se déroule sur trois périodes de la vie du narrateur. Son enfance d'abord, dans un petit village au bord de la mer Caspienne. Une amie d'école, des petits plaisirs, des gros chagrins. Mais lui est arménien et doit respecter tous les rites de la tradition arménienne. Et elle, Tahereh, est musulmane et fille du concierge de l'école. Nous retrouvons le narrateur à l'âge adulte à Téhéran, marié avec Marta qui s'est tellement bien intégrée à sa famille. Mais quand leur fille Alenouche leur annonce qu'elle va se marier avec Bahzad, le garçon le plus intelligent de l'université mais de religion musulmane, tout le poids de la tradition réapparait et c'est un drame pour Marta. Troisième partie, Marta est morte, le narrateur est seul, plus ou moins fâchée avec sa fille. Sa seule amie est Danik, sa collègue. mais elle aussi cache un drame lié à l'amour et à la religion.


    Ce récit est écrit avec beaucoup de sensibilité et avec le style élégant de l'auteur que j'avais déjà remarqué dans Comme tous les après-midi. Davantage que les souvenirs eux-mêmes, c'est vraiment l'évocation de la vie de la communauté arménienne en Iran qui est originale. Soucieuse de garder ses traditions, elle cultive les liens familieux et le respect des rites (de très beaux passages sur les rites liés aux fêtes de Pâques) mais rejette toute alliance avec une autre communauté. Les personnages de femmes sont magnifiques mais je dois dire que j'ai quand même ressenti un sentiment de "trop peu"  avec ce petit récit de 127 pages  et tout ce que l'on aurait envie de connaître de la vie de ces femmes.


    Les avis de Clarabel, Naina, Laure, Cuné

  • Où on va, papa ? - Jean-Louis Fournier (Stock, août 2008)

    39c80125bb8963b722b8fe0a118b503c.gifJean-Louis Fournier a l'habitude de nous proposer des romans grinçants, à l'humour souvent noir, ou des récits de vie où il se moque de lui-même avant de se moquer de son prochain. Il ne déroge pas à la règle ici, sauf qu'il s'agit de ses garçons qui sont handicapés tous les deux. Oui, deux enfants handicapés, c'est "pas d'chance " en effet. Mais cela présente aussi des avantages. La vignette gratuite qui lui a permis de rouler dans des grosses voitures américaines. Pas de souci à l'adolescence, pas de problème d'orientation littéraire ou scientifique. Ils vont à l'institut médico-éducatif tout le temps. Et à Noël les cadeaux ce sont des cubes et des peluches. Mais le parent de deux enfants handicapés a aussi des devoirs. Il ne doit pas plaisanter avec le handicap. Il ne doit pas rire des bêtises de ses enfants. Il ne doit pas faire d'humour sur ce sujet.....

     

    Il y a bien sûr du Pierre Desproges dans ce récit, d'ailleurs Desproges avait accompagné Fournier à l'I.M.E. de ses enfants. "On peut rire de tout mais pas avec tout le monde" disait-il. Fournier choisit pour la première fois de parler à tout le monde de ses enfants mais il fait tout pour ne pas que l'on ait la larme à l'oeil. Il prend de la distance. Il se moque. Malgré tout on sent bien sûr l'immense douleur d'un père qui se reproche de ne pas toujours avoir été patient, de ne pas avoir été assez présent. Mais que Fournier ne m'en veuille pas, j'ai été très émue par son livre, certainement plus qu'un récit mélo sur le sujet !


    L'avis tout aussi entousiaste d'Ys

  • Le boulevard périphérique . - Henry Bauchau (Actes Sud, 2008)

    6055f30ff965cc22700352c01b4d511c.gifEntre deux romans de la rentrée, j'ai lu ce livre que je gardais précieusement car, pour avoir beaucoup aimé L'enfant bleu,  je me doutais que celui-là allait beaucoup me plaire.


    En effet, j'ai tout de suite été prise par le style de l'auteur qui nous entraîne dans une double histoire. La première se déroule à Paris dans les années 80. Le narrateur va chaque jour rendre visite à sa belle-fille qui est traitée pour un grave cancer dans un hôpital au nord de Paris. Le périphérique qu'il va prendre quotidiennement va devenir le symbole de ces journées. De plus en plus proche de cette belle-fille avec laquelle il avait d'abord eu du mal à communiquer, cette proximité avec la mort lui rappelle un de ses amis de jeunesse. C'était au début de la guerre et Stéphane, après lui avoir tout appris de l'escalade et du dépassement de la peur qu'elle implique, s'engage dans la Résistance. Il est découvert mort quelque temps plus tard. C'est à la fin de la guerre que son "meurtrier", un SS en fin de vie, souhaitera appeler le narrateur pour lui parler de Stéphane et de ses derniers jours.


    C'est avec un sens extraordinaire de l'introspection que Bauchau fait revivre les émotions de ces événements (probablement en grande partie autobiographiques). L'approche de la mort est le thème central du livre et Bauchau fouille au plus profondément de lui pour l'exprimer par des mots. Mais c'est aussi une réflexion sur le sens de la vie, sur le temps qui passe, le bilan d'une vie, et aussi sur les relations entre un père et son fils quand celui-ci est adulte. C'est vraiment l'universalité de la pensée qui donne au livre sa profondeur. L'expérience de l'auteur devient celle de l'homme en général et on ne peut qu'y être sensible et surtout admirer le style magnifique de l'auteur. Vraiment Bauchau est un auteur majeur dont je n'ai heureusement pas encore lu tous les récits, et ce livre est sans doute le meilleur ou en tout cas un des meilleurs romans de l'année.

     

    L'avis tout aussi enthousiaste de Sylire, de Bellesahi, de Dda sur Biblioblog et d'Adeline (Hécate sur Zazieweb)

     

  • Murakami, Haruki . - Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil (10/18, 2003)

    874e0a48c23d62b69817a700d8149b5a.gifLu dans le cadre du Blogoclub


    J'ai lu ce livre il y a quelques années. Je choisis pourtant de le présenter aujourd'hui car j'en garde un très bon souvenir (et puis je suis en plein dans la rentrée littéraire....)


    Quand Hajime rencontre Shimamoto-san, il a douze ans, elle aussi, ils sont enfants uniques tous les deux, solitaires, sensibles, et ils aiment tous deux les livres, la musique et les chats. La vie les sépare, Hajime grandit, a des petites amies, fait des études, trouve un bon travail. Il épouse même une femme qu'il aime. Mais quelque chose en lui reste insatisfait, comme un manque qu'il ne réussit pas à combler, une complicité perdue et jamais retrouvée. Aussi, quand Shimamoto-san réapparaît dans sa vie…

    Ecrit avec subtilité et poésie, ce roman se lit avec beaucoup de plaisir. Murakami excelle dans la narration des sentiments les plus délicats et dans les problèmes de communication entre les êtres. Les retrouvailles sont peut-être un peu trop "cinématographiques" (un soir de pluie, dans un bar de jazz…) pour qu'on y croie complètement, mais on se laisse prendre à ce "Un homme, une femme" japonais....