Le boulevard périphérique . - Henry Bauchau (Actes Sud, 2008) (05 septembre 2008)
Entre deux romans de la rentrée, j'ai lu ce livre que je gardais précieusement car, pour avoir beaucoup aimé L'enfant bleu, je me doutais que celui-là allait beaucoup me plaire.
En effet, j'ai tout de suite été prise par le style de l'auteur qui nous entraîne dans une double histoire. La première se déroule à Paris dans les années 80. Le narrateur va chaque jour rendre visite à sa belle-fille qui est traitée pour un grave cancer dans un hôpital au nord de Paris. Le périphérique qu'il va prendre quotidiennement va devenir le symbole de ces journées. De plus en plus proche de cette belle-fille avec laquelle il avait d'abord eu du mal à communiquer, cette proximité avec la mort lui rappelle un de ses amis de jeunesse. C'était au début de la guerre et Stéphane, après lui avoir tout appris de l'escalade et du dépassement de la peur qu'elle implique, s'engage dans la Résistance. Il est découvert mort quelque temps plus tard. C'est à la fin de la guerre que son "meurtrier", un SS en fin de vie, souhaitera appeler le narrateur pour lui parler de Stéphane et de ses derniers jours.
C'est avec un sens extraordinaire de l'introspection que Bauchau fait revivre les émotions de ces événements (probablement en grande partie autobiographiques). L'approche de la mort est le thème central du livre et Bauchau fouille au plus profondément de lui pour l'exprimer par des mots. Mais c'est aussi une réflexion sur le sens de la vie, sur le temps qui passe, le bilan d'une vie, et aussi sur les relations entre un père et son fils quand celui-ci est adulte. C'est vraiment l'universalité de la pensée qui donne au livre sa profondeur. L'expérience de l'auteur devient celle de l'homme en général et on ne peut qu'y être sensible et surtout admirer le style magnifique de l'auteur. Vraiment Bauchau est un auteur majeur dont je n'ai heureusement pas encore lu tous les récits, et ce livre est sans doute le meilleur ou en tout cas un des meilleurs romans de l'année.
L'avis tout aussi enthousiaste de Sylire, de Bellesahi, de Dda sur Biblioblog et d'Adeline (Hécate sur Zazieweb)
06:00 Écrit par Cathe | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : bauchau henry | Imprimer | del.icio.us | Facebook |
Commentaires
Oui, je suis d'accord avec toi pour dire que c'est un auteur majeur. Son écriture peut être qualifiée de magistrale. J'espère qu'en dépit de son grand âge il continue à écrire et qu'il nous enchantera encore. En attendant, il me reste à lire ses autres livres : )
Écrit par : sylire | 05 septembre 2008
Je me suis méfié un peu de l'engouement général dont ce roman avait bénéficié à sa sortie. Il me semblait alors qu'il était de bon ton d'être de ceux qui révélaient aux quidams cet auteur qui leur était inconnu alors qu'il avait déjà derrière lui une auguste carrière.
Puisque tu m'as déjà permis de faire de jolies découvertes, je vais mettre ma suspicion (mal placée) de côté et tenter l'expérience.
Écrit par : In Cold Blog | 05 septembre 2008
@ sylire : je remarque que, comme souvent, nous sommes d'accord :-)
@ incoldblog : il n'était quand même pas si inconnu que ça ;-)
Et je te dis "satisfait ou remboursé", allez, j'ose !
Et puis ce n'est pas parce qu'il a eu un Prix qu'il est mauvais :-DD
Écrit par : cathe | 05 septembre 2008
Un livre impressionnant. J'ai baucoup aimé.
Écrit par : BelleSahi | 06 septembre 2008
Une scène d'anthologie (au sens le plus respectable): devant une gare bruxelloise, une manifestation tente d'empêcher la déportation de jeunes raflés pour le Service de Travail Obligatoire.
Des femmes s'interposent entre les SS et les ouvriers venus avec des boulons et des cailloux face aux armes à feu et aux fanatiques du nazisme.
Cris, mouvements de foules contradictoires, réactions individuelles dans cette houle collective, atmosphère sur le fil du rasoir...
Les lecteurs sont bien obligés d'en croire leurs yeux. Mais quelle économie de mots pour rendre ce passage aussi riche en émotions et en contradictions.
Écrit par : JEA | 07 septembre 2008
"il n'était quand même pas si inconnu que ça ;-)" : de moi, si. J'avoue faire partie des quidams qui n'avaient jamais auparavant entendu parler de cet auteur.
"Et puis ce n'est pas parce qu'il a eu un Prix qu'il est mauvais :-DD" : loin de moi l'idée de faire ce genre de raccourcis ;-) Ce n'est pas de la récompense dont je me méfie, c'est du concert de louanges sans aucune fausse note.
Écrit par : In Cold Blog | 07 septembre 2008
@ bellesahi : oui, impressionnant, c'est le mot ! Je mets ton billet en lien.
@ jea : cette scène est extraordinaire ! J'ai l'impression de l'avoir vue au cinéma tellement elle est vraie !
@ incoldblog : c'est toi qui vois ;-)
Écrit par : cathe | 08 septembre 2008
Le sujet ne me tente pas trop (enfin, la partie cancer qui me fait toujours un peu peur) mais vraiment ton billet est superbe ! Je crois que je lui accorderai une seconde chance (j'hésitais déjà un peu devant quelques critiques enthousiastes) !
Écrit par : Lou | 22 septembre 2008
@ Lou : tu es la deuxième qui hésite parce que les critiques sont enthousiastes.... Bizarre ;-))))
Écrit par : cathe | 22 septembre 2008
Je l'ai lu il y a quelques semaines et maintenant "à froid" je reconnais là un grand écrivain (peut être ai-je lu entre temps des livres moins forts)
Écrit par : keisha | 22 septembre 2008
Je suis aussi impressionnée par cette écriture. Je n'ai pas encore lu l'enfant bleu, mais j'avais été très admirative de son Antigone. C'est un souvenir de lecture très fort. Ce dernier titre est extrêmement abouti et émouvant de justesse.
Écrit par : sylvie | 28 octobre 2008
J'avais été aspirée par "l'enfant bleu", un livre inoubliable.
J'attendais peut-être trop du "boulevard périphérique". Sur le coup je l'ai moins aimé, mais avec le recul, je pense que c'est aussi un grand livre.
En tout cas, une écriture magistrale.
Écrit par : fantomette | 12 janvier 2009
@ fantomette : moi aussi j'ai été davantage touchée par "L'enfant bleu", mais c'est sans doute dû au sujet.
Écrit par : cathe | 13 janvier 2009