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  • Une épouse pour le Sahib. - Khushwant Singh (Picquier, 2001)

    medium_9782877305228.gifKhushwant Singh est très connu en Inde. En effet, en plus d'être écrivain, c'est un journaliste provocateur et controversé. Avec son habitude de combattre tous les fanatismes et toutes les intolérances, il s'est mis à dos les intégristes de tous côtés ! Pour le grand public, c'est aussi celui qui termine tous ses articles par une histoire drôle.

    Ce recueil reprend à peu près toutes les facettes de l'auteur. A la fois plein d'humour mais aussi très cruel, il s'attaque aux travers de la société indienne comme peu d'indiens le font.

    La première nouvelle est vraiment cruelle : un jeune Bengali éduqué à Oxford, fonctionnaire de première classe, épouse une jeune fille du même milieu que lui, l'éducation à Oxford en moins. Et ce "moins" fera qu'il ne daignera jamais s'occuper de cette jeune femme, qui a certes apporté une dot importante, mais à laquelle il manque l'éducation anglaise essentielle à ses yeux. La fin de la nouvelle (je vous le dis : elle se suicide) sonnera comme un couperet !

    Une autre nouvelle, "Karma", est tout aussi cruelle. C'est le court récit d'un Indien très riche, éduqué lui aussi à Oxford et imbu de ce que cette éducation a pu lui conférer de prestige et de hauteur de vue. Il doit prendre le train et s'imagine déjà ouvrant son Times face à ses voisins de première classe éblouis par ses vêtements et son allure. Sa femme, indigne de lui, voyage en troisième classe. Mais c'est un groupe de militaires anglais ivre morts qui entre dans son wagon et, loin d'être impressionnés par son allure, l'insultent, le sortent du wagon en le traitant de "noiraud" et le jettent sur la voie, lui et son Times !

    La dernière nouvelle, "Sur moi-même", autobiographique, fait un portrait sincère de l'auteur qui montre sa sensibilité sous son apparence extravertie.

    Ce recueil est une vraie bonne surprise dans un registre de réalisme, d'humour et de cruauté que l'on ne rencontre pas souvent chez les écrivains indiens.

     

  • La torture du bibliothécaire !!!

     

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    Vous me faites rire avec vos virées dans les librairies et vos tentations. Le pire, c'est être bibliothécaire !!! Par exemple en ce moment sur mon bureau il y a la commande de janvier qui est arrivée, c'est-à-dire environ 80 romans. Et parmi eux, une bonne vingtaine qui me feraient bien envie...... : les derniers Gailly, Besson, Auster, Benacquista, Cathrine, Olmi, Delerm, Dubois, Dai Siji, McCarthy, Schlink, Barnes, Murakami, Grondhal, Hugo Hamilton, Elsa Osorio, Percival Everett, Pascal Mercier ("Train de nuit pour Lisbonne"), Erri de Luca...... et j'en oublie sûrement !!! Et le mois prochain il y en aura autant. Et tous les autres mois aussi......

    Etre bibliothécaire : une torture je vous dis, quand arrivent les commandes de bouquins, n'est-ce pas Laurent, Philippe, Elfe, Laure, Myriade .... ?????   ;-))))

  • Fujisan. - Akira Saso (Casterman, Sakka, 2005)

    medium_fuji_san.gifLe Mont Fuji est pour les Japonais un symbole de force et de sagesse. C'est aussi un lieu qui peut susciter suicide, dépression ou idées noires chez les personnes fragiles. Dans ce recueil, six petits récits nous montrent comment l'apparition du Mont Fuji dans un ciel clair peut bouleverser la vie des protagonistes.

    Rinko, qui ne se remet pas de la mort de son frère, va-t-elle rejoindre le grand nombre de personnes qui se jettent sous le train ? Tarumi, de constitution faible, survit pourtant à ses proches medium_mont_fuji_2.jpegqui meurent les uns après les autes. Le père d'Hiroshi, pour sauver son fils, est prêt à revenir sur ce qui s'est passé trente-cinq ans avant.

    Ces six récits expriment avec beaucoup de justesse la tragédie qui peut s'abattre à un moment donné sur des personnes fragiles. Le Mont Fuji est à la fois admiré par tous et maudit pour être déclencheur de tous ces malheurs !

  • La vie des autres (Florian Henckel von Donnersmarck, avec Thomas Thieme, Martina Gedeck, Ulrich Mühe)

    medium_images.48.jpegJe crois que les films que j'ai vus depuis le début de l'année vont passer au second plan maintenant que j'ai vu celui-là !  Il a déjà eu beaucoup de récompenses en Allemagne et en aura certainement d'autres.

    L'histoire. En Allemagne de l'Est au début des années 80, un couple d'artistes (metteur en scène et actrice) est mis surmedium_Pfilm143491661465612.jpeg écoute et filmé par la Stasi. En effet, bien que fidèles au Parti, ils inspirent de la méfiance aux dirigeants. L'agent Wiesler, un homme du Parti particulièrement inflexible, est chargé de leur surveillance. Pendant des jours il les voit vivre, lire, échanger, rencontrer d'autres artistes, s'aimer.... Peu à peu il ne peut s'empêcher de s'attacher à ce couple.....

    Ce film présente à la fois une intrigue romanesque prenante, une réflexion sur l'artiste et la politique, et un retour dans le Berlin communiste. Dans une interview dans Télérama, le réalisateur dit qu'il trouvait que l'on avait une visions assez positive, voire même assez drôle, de l'Allemagne de l'Est à travers "Good-bye Lenin" et il souhaitait revenir sur cette période. Il le fait magnifiquement ! Les prises de vue sont soignées, les extérieurs très bien rendus dans des couleurs froides et les intérieurs bien filmés avec au contraire beaucoup de chaleur. Les comédiens sont excellents, notamment Wiesler (Ulrich Mühe). Vraiment c'est un film magnifique que je conseille à tous et toutes d'aller voir !

  • La mère du 1084. - Mahasweta Devi (Actes Sud, 2001)

    medium_la_mere-130x250.jpegCe livre est très différent de ce que j'ai pu lire jusqu'à présent sur l'Inde. Ici c'est le récit d'une mère qui cherche à comprendre pourquoi son fils a été assassiné. Pendant les années 70, il faisait partie des jeunes du mouvement maoïste bengali contre lequel la répression policère a été terrible. Son récit est un aller-et-venu entre le temps de l'enfance de Brati, les jours qui précèdent sa mort, et maintenant. Sa douleur est encore aggravée par la nécessité d'avoir rendu secret cet assassinat (par respectabilité) et de ne pas avoir pu lui rendre les hommages funéraires rituels. Quel sens encore trouver à la vie après ce drame ? L'écriture, magnifique, retrace l'itinéraire de cette femme qui s'éloigne peu à peu de son milieu, la bourgeoisie, de sa puissance et de son hypocrisie, pour comprendre ce qu'est réellement la vie.

     

  • Peabody met un genou à terre. - Patrick Boman (Picquier, 2003)

    medium_9782877306850.gifQuelle bonne surprise que ce roman policier ! J'assimilais cette série, je ne sais pas pourquoi d'ailleurs, à celle de Sarah Dars  qui présente un héros détective brahmane plutôt insipide dans une Inde édulcorée.

    Ici pas du tout ! Le héros est fonctionnaire de police de l'Empire britannique (l'histoire se passe autour de 1900) mais il est plongé jusqu'au cou dans les bas-fonds de Delhi ! Sexagénaire obèse, grand fumeur et libidineux, il parle l'hindi et peut donc se mêler à la foule indienne et être au contact avec toutes les couches de la société. Le récit, pas du tout politiquement correct (les vices de tous les corps de la société y sont abondamment décrits), grouille de détails, de couleurs, presque d'odeurs. Ca a un air de "Parfum" de Süskind ce livre ! Et l'intrigue tourne autour des malversations des hauts fonctionnaires britanniques qui ne souhaitent pas que le vicieux et encombrant Peabody se mêle de leurs affaires ! Mais il est aussi gros que fin limier et aussi vicieux qu'honnête et épris de justice !

    Voilà un polar qui nous plonge tout droit au coeur d'une Inde contrastée et vivace.

    De mère française et de père suédois, Patrick Boman passe une grande partie de sa vie à voyager, à écrire des romans et à être journaliste.

  • Molière (de Laurent Tirard, avec Romain Duris et Fabrice Luchini)

    medium_images.47.jpegC'est vrai que les critiques n'étaient pas très bonnes, mais un film sur Molière avec Duris et Luchini, ça ne peut pas être totalement mauvais ! Et en effet ce n'est pas mauvais. Bien sûr il faut complètement oublier le "Molière" De Mnouchkine, ça n'a rien à voir. Ici c'est plutôt une pochade sur une période mal connue de la vie de Molière (les quelques mois qu'il a passés en prison). Il est sauvé de la prison par un certain M. Jourdain qui souhaite plus que tout être "bien en Cour" et plaire à une jeune femme pleine d'esprit qui tient un Salon, et Molière est là pour lui apprendre à jouer la comédie ! S'en suit une série de scènes souvent drôles, parfois touchantes, où le réalisateur s'amuse à introduire des "mots" célèbres et des situations tirés des pièces de Molière. Certes ça manque un peu de cohésion et de vraisemblance, mais Tirard a voulu s'amuser et nous amuser, et franchement on ne s'ennuie pas du tout. Et pour l'excellente prestation de Luchini qui cabotine à souhait, ça vaut le déplacement.