Deuxième coup de coeur de la rentrée (après "Fils unique"), ce roman de Javier Cercas, l'auteur des "Soldats de Salamine" (j'ai pas lu mais je viens de l'acheter en poche..).
Le narrateur, visiblement un double de l'auteur, est un jeune étudiant espagnol peu travailleur mais persuadé qu'il va un jour devenir un écrivain célèbre. Un de ses profs lui propose de partir comme assistant d'espagnol dans une université américaine. Là-bas il se lie avec Rodney, un assistant quadragénaire taciturne et original. Mais Rodney ne revient pas après les vacances de Noël. Parti à sa recherche, le narrateur rencontre son père qui lui raconte alors que Rodney vit avec le poids de son passé, et son passé s'appelle la guerre du Vietnam. Le narrateur repart avec toute la correspondance de Rodney pendant cette guerre et la conviction qu'il doit raconter cette histoire. Mais il retourne en Espagne et sa vie quotidienne et superficielle reprend son cours, jusqu'à ce que...
Pris au départ par obligation (avec des collègues nous faisons bientôt une présentation de la rentrée littéraire alors j'essaie d'en lire un maximum. Je vous donnerai notre palmarès...), je l'ai lu d'une traite (merci les jours de congés ! ) et j'ai admiré le style narratif de l'auteur. Pour définir ce style, je dirais que ça m'a fait penser à Paul Auster. On trouve chez Cercas cette même croyance des personnages en leur destin ("si je n'avais pas suivi ces cours, je n'aurais pas rencontré Rodney et ma vie n'aurait pas été la même..."), la même introspection et le même souffle lyrique que chez Paul Auster.
La guerre est visiblement un sujet majeur chez Cercas puisque son premier roman parlait de la guerre d'Espagne. Ici je trouve intéressant qu'un Espagnol ait fait des recherches sur les séquelles du Vietnam sur les anciens combattants qui sont revenus au pays en ayant vécu l'enfer mais en étant méprisés par leurs concitoyens pour leur participation à une guerre inutile.
Bref, ce roman est vraiment très réussi. Il mêle très habilement réalité, création littéraire et réhabilitation par l'écriture et il crée des personnages qui resteront dans notre mémoire.
L'avis d'Anne-Sophie