Avril 1831 en Allemagne à Brême. La narratrice, écrivain, va écrire un petit récit de voyage sur son séjour dans cette ville. Mais, quand elle arrive, l'atmosphère est lourde. Le lendemain on doit exécuter en place publique Gesche Gottfried, une femme qui a empoisonné quinze personnes entre 1813 et 1827, et donné des doses non mortelles de poison à une vingtaine de personnes. La narratrice entend les commentaires des uns et des autres. L'avocat pense que sa cliente tue par cupidité et mérite la peine de mort. Le pasteur, au lieu d'oeuvrer à son salut, tente lors de ses visites de lui faire avouer d'autres empoisonnements. Les habitants sont unanimes à condamner l'empoisonneuse. La narratrice est la seule à essayer de comprendre ses gestes, à la traiter en malade plutôt qu'en tueuse, à attirer l'attention sur l'immobilisme de la société de Brême qui a ignoré toutes ces morts suspectes.

Tirée d'une histoire vraie, cette BD évoque admirablement l'atmosphère noire, lourde et malsaine de cette histoire. Le trait gris et noir souligne les secrets, les rumeurs et la peur qui ont entouré cette affaire. L'empoisonneuse elle-même est dessinée donnant du poison à ses enfants, mais les habitants de Brême sont aussi esquissés de manière très sombre, donnant cours à leurs pulsions les plus basses face à ces crimes.

Une très belle BD pour terminer l'année et vous souhaiter un bon réveillon ainsi qu'un très bon début d'année 2011.

Et comme les bilans de l'année fleurissent sur les blogs, voilà mes cinq coups de coeur de l'année, dans des genres très différents : :

• L'orchestre des doigts (manga)
• L'origine de la violence de Fabrice Humbert
• L'impasse d'Antoine Choplin
• Zulu de Caryl Ferey
• La vengeance du wombat de Kenneth Cook

Le mystère des Barrères : disparu de guerre. - Hervé Debry (Oskar editions, 2010)

François part en vacances dans les Pyrénées dans une maison dont ils viennent d'hériter. La grande tante Amélie y vivait seule depuis la mort de son mari et aussi depuis celle de son fils Jean-Paul, mort pendant la seconde guerre. Il était dans le maquis et a été fusillé. Pourtant François s'étonne que son nom ne figure pas sur le monument au mort du village. Et quand il en parle autour de lui, les visages se ferment. Seul l'instituteur lui avoue que Jean-Paul n'a pas été fusillé par les Allemands mais par les maquisards car il les avait trahis. Mais François continue son enquête, il veut en savoir plus sur ce lointain cousin...

Ce petit roman fait revivre la période trouble de l'Occupation dans cette région proche de la frontière propice aux passages vers l'Espagne. Querelles personnelles, jalousies amoureuses et conscience politique se mêlaient alors pour créer des situations dramatiques. Le sujet est bien évoqué et on s'attache aux personnages passés et présents.

Plus jamais petite. - Séverine Vidal (Oskar editions, 2010)

Lucie attend, on comprend rapidement qu'elle est devant une prison et retarde le moment d'aller voir son père. Il lui faut du courage pour l'affronter, pourtant elle est décidée à y aller et à y aller seule. Pourquoi cette peur et pourquoi cette détermination ? On l'apprendra très vite...

Une belle histoire très dure mais racontée avec pudeur et très bien écrite. Le sujet n'est pas nouveau mais l'accent est vraiment mis sur le courage de l'adolescente qui a fait un travail sur elle-même et veut se prouver qu'elle n'a plus peur d'être face à son père.

Le Pierrot infernal. - Claire Mazard (Oskar editions, 2010)

Simon et Capucine se promènent à la Foire du Trône tôt le matin avant d'aller travailler ou réviser, et ils tombent sur le cadavre d'une femme assassinée. Quelques jours plus tard, ils sont de nouveau présents quand un autre cadavre est découvert. Le commissaire, qui les trouvait plutôt sympathiques, commence à les soupçonner. Quand Simon est mis en garde à vue, Capucine mène seule l'enquête pour sauver son amoureux.

Une enquête agréable mais très classique dans le cadre du Quartier Latin à Paris et du monde des Beaux-Arts.

Jusqu'à la grotte de la Luire : résistants dans le Vercors (Oskar editions, 2010)

Nous sommes en 1944 dans le Vercors. Jules, 15 ans, sort avec son cousin mais ils ne peuvent revenir au domicile familial car ils sont surpris par des soldats allemands. Son cousin doit se cacher car il est réfractaire au STO et lui-même est recueilli par un employé de la mine qui fait partie de la Résistance. Le village est envahi par les Allemands et il vaut mieux partir dans la montagne. Là-bas il va partager la vie des maquisards du Vercors et entrer de plein pied dans leur quotidien.

Cette collection "Histoire et Société" est toujours très bien faite et est un bon point de départ pour les adolescents pour découvrir une période historique. Un petit dossier documentaire complète la partie "roman".

Il faut rester tranquille. - Isabelle Rossignol (Ecole des loisirs, Coll Medium, 2010)

Quand Juliette rentre chez elle, sa mère et son grand frère l'attendent pour lui annoncer que son père est mort. Elle met du temps à le comprendre et pour le moment pense seulement qu'il ne fera plus jamais de karaoké ni de Noël avec elle. Mais quand elle veut savoir de quoi il est mort, ses proches restent dans le vague. C'est presque par hasard qu'elle va découvrir qu'il n'est pas mort de mort naturelle. Elle pense d'abord qu'il a été assassiné, mais peu à peu comprend qu'il n'avait plus la force de vivre et que cette mort était son choix. Il lui faudra beaucoup de temps pour l'admettre et pour affronter le regard des autres.

Sur un sujet très difficile, l'auteur nous propose un récit pudique, tendre, drôle parfois et surtout très juste. Les différentes réactions de Juliette sont bien abordées. Quand elle comprend ce qui s'est passé, elle en veut d'abord à son père de les avoir abandonnés, puis à sa mère d'avoir été la cause de ce drame, puis peu à peu elle s'efforce de comprendre les raisons du geste de son père, jusqu'à essayer de le défendre et de l'expliquer aux autres.

Voilà un tag qui me plait, c'est le tag d'Armande, d'autant plus que personne ne m'a demandé de le faire ... Il s'agit de choisir cinq livres à offrir à cinq personnes pour Noël. J'espère que mes proches ne viendront pas lire ce billet, car je vais vraiment leur offrir ces livres :-)

1 - Life, de Keith Richards. L'autobiographie du guitariste des Rolling Stones. Pour mon mari qui est un fan des Stones.

2 - L'origine de la violence, de Fabrice Humbert. Mon coup de coeur de cette fin d'année. Pour un neveu à qui j'offre toujours des livres "importants".

3 - Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, de Harper Lee. Je ne l'ai toujours pas lu mais je suis convaincue par tous vos billets, donc je l'offre à ma fille (qui pourra toujours me le prêter)

4 - The Clash. L'histoire du groupe punk "The Clash" raconté par ses membres. Pour un proche fan de cette musique.

5 - Je ne veux pas dormir, d'Eliette Abecassis et Delphine Garcia. Un superbe album pour une petite nièce qui n'aime pas aller au lit...

Sans aucune obligation, j'aimerais bien voir les idées de cadeaux des hommes de la blogosphère : Laurent (avez-vous lu son superbe billet sur les "liseuses" ?), InColdBlog, Philippe, Michel, Renaud,...

Trois nouvelles composent ce recueil.

Dans La fille du fermier, on fait la connaissance de Sarah, adolescente vivant dans le Montana. Quand sa mère, pourtant confite en dévotion, part avec un autre homme, elle reste avec son père et partage avec lui la vie rude de cette région. Elle a pour seuls amis leur voisin le plus proche, le vieux Tim, et Vagabonde, son chien. Mais elle grandit et les hommes commencent à essayer de l'approcher. Quand l'un deux abuse d'elle, elle jure de se venger, même s'il lui faut attendre longtemps.

Dans Chien Brun, le retour, on retrouve le héros déjà présent dans plusieurs récits de l'auteur. C'est un peu le double de Jim Harrison. Force de la nature, il n'a pas de sang indien mais est Indien dans sa tête. Son existence est passionnée, nomade, imbriquée dans la nature. Sa nature sensuelle lui fait regarder de près chaque femme qui s'approche, mais aussi chaque bouteille de whisky et chaque bon plat bien consistant.

Il n'y aura pas de troisième nouvelle pour moi car je dois avouer que je n'ai pas été convaincu par les deux premiers récits. J'ai tellement aimé des romans tels que Dalva, La route du retour, Retour en terre, que, malgré les descriptions lyriques de la vie au fond du Montana et le caractère bien trempé des héros, j'ai regretté une certaine facilité dans l'écriture et la narration. Jim Harrison est merveilleux dans les longs récits où il a le temps de laisser s'épanouir toute sa verve et tout son lyrisme. Je suis moins convaincu par ces nouvelles où on a l'impression qu'il court derrière ses personnages. Croyez que je suis déçue d'avoir été déçue car Jim Harrison est dans mon Pantheon personnel des meilleurs écrivains. Mais lisez l'avis d'Amanda qui est plus enthousiaste.

L'avis plus positif d'Amanda