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  • La guitare de Bo Diddley. - Jean-Christophe Chauzy ; Marc Villard (Rivages / Casterman / Noir, 2009)

    guitare de bo diddley.jpgArsène est un jeune Black qui zone à Barbès et essaie d'être basketteur. Il trouve une guitare qui, il l'apprend vite, est légendaire, c'est la "Blue Hawaï" de Bo Diddley, Clapton lui-même en a joué. Mais il doit la donner à un Congolais qui lui-même doit la céder pour payer ses faux papiers. Le faussaire se la fait voler, le propriétaire suivant a des ennuis, quelques cadavres parsèment la route de cette guitare... Faut-il la rendre à son propriétaire quand il passe en concert à Paris ? La chute est excellente...

    Comme d'habitude chez Marc Villard, ce novelliste prolifique (il a écrit 400 nouvelles), ses héros sont black-blancs-beurs et c'est avec beaucoup de tendresse qu'il les décrit. Toujours autour de Barbès, ses anti-héros se débrouillent comme ils peuvent, toujours aidés par un éducateur de rue que l'on retrouve souvent dans ses romans et nouvelles. J'aime beaucoup son univers et ici je trouve que Chauzy a bien rendu cet univers à la fois glauque et plein d'heureuses surprises. Du sepia, du bleu-gris et des superbes touches de couleurs vives donnent un côté rock'n roll à cette histoire qui est ausi un hommage à la musique.

    A lire, la rencontre avec Marc Villard de Yann de Moisson Noire

  • Shutter Island. - Dennis Lehane ; Christian de Metter (Rivages, Casterman noir, 2008)

    shutter island.jpgJ'avais lu le roman de Dennis Lehane à sa parution et avais été emballée (bien que d'habutude je n'aime pas trop le genre thriller...). Quand j'ai vu cette BD, je me suis dit que j'aimerais découvrir cette histoire autrement, avec les dessins et en connaissant la fin (très important la chute !)

    Un ferry aborde l'île de Shutter Island qui abrite un hôpital psychiatrique avec deux hommes à son bord. Teddy Daniels, marshal, et son coéquipier Chuck Aule. Ils viennent enquêter sur la disparition d'une patiente alors que sa cellule était fermée. Des indices apparaissent sous la forme de papiers avec des lettres et des chiffres. Les deux hommes ont du mal à enquêter tant cette histoire parait étrange et l'entourage de la patiente mystérieux. Le lieu lui-même, sur cet île, est étrange et la tempête les empêche de repartir à terre...shutter island 2.jpg

    Impossible d'en dire davantage pour ne pas déflorer l'histoire. Christian de Metter a choisi une couleur sepia pour ce récit et un dessin très réaliste pour les personnages. Seulles quelques touches de couleur apparaissent de temps en temps. L'atmosphère mystérieuse et même carrément oppressante de ce huis-clos  est très bien rendue et j'ai été de nouveau embarquée dans cette histoire, avec le plaisir supplémentaire de lire une histoire en connaissant la chute, et il faut être aussi fort que Lehane pour construire un récit qui peut être lu à deux niveaux, sans savoir et en sachant !

    Cliquez pour bien voir le dessin

  • C'était la guerre des tranchées. - Jacques Tardi (Casterman, 1993)

    c'etait la guerre des tranchees 2.jpgSuite aux conseils de mes camarades blogueurs, j'ai emprunté C'était la guerre des tranchées et l'ai lu dans la foulée après Putain de guerre.

    Le sujet est le même et le fonds de la réflexion aussi. Ou comment des millions d'hommes ont été massacrés dans cette boucherie qu'a été la première guerre. Mais autant Putain de guerre mettait l'accent sur le déroulement historique (normal, le scenario est de Jean-Pierre Verney, historien), autant le premier montre des individus pris dans cette tourment sans lien évident avec les grandes opérations stratégiques des états-majors. Il n'y a pas vraiment de héros, juste des hommes, face à l'hor­reur. Sur plus d'une cen­taine de pages, on dé­couvre la vie quo­ti­dienne, les an­goisses et l'his­toire de quelques poi­lus : les gra­dés qui utilisent leurs hommes comme de la chair à canon, la boue, les poux, le fracas des obus, les exé­cu­tions mas­sives et les ju­ge­ments ar­bi­traires, le mas­sacre des po­pu­la­tions ci­viles, la « dé­por­ta­tion » des hommes des co­lo­nies noires et asia­tiques vers le front...

    C'était la guerre des tran­chées est une oeuvre ex­trê­me­ment do­cu­men­tée. Pour écrire ce récit qui est un hommage à son grand-père mort pendant cette guerre, Tardi a lu et vi­sion­né les grandes oeuvres lit­té­raires et ci­né­ma­to­gra­phiques sur le sujet et fait des re­cherches sur les guerre des tranchees.jpglieux, ar­me­ments, uni­formes, cor­res­pon­dances. Cela donne une oeuvre quasi do­cu­men­taire, qui nous plonge avec un réa­lisme fou dans les tour­ments de 14-18.

    Le dessin au noir et blanc (contrairement à Putain de guerre qui est en couleurs), dans la lignée des Nestor Burma, mais plus sombre, contribue à établir le climat de cette BD.

    C'est réellement un ouvrage très fort qui prend aux tripes et met l'accent sur le gâchis de millions de vies qu'a été cette guerre. Et en effet je dirais qu'il m'a plus émue que Putain de guerre qui est "mieux dessiné", plus "léché". mais les deux ouvrages sont à découvrir !

    Cliquez sur les images pour bien voir le dessin de Tardi (oui je sais, Ys, que tu n'aimes pas... ;-)... )

    Ys m'indique que Tardi et Verney étaient les invités de l'émission "Tout arrive" le 16 décembre. A écouter ici.

    Et tiens ça me donne envie de lire Le cri du peuple !

     

  • Putain de guerre. - Tardi, Verney (Casterman)

    putain de guerre 1.jpgPutain de guerre : 1914-1915-1916 (Casterman, 2008)

    C'est le début de la guerre, le départ la fleur au fusil. Mais très rapidement ça déchante. D'ailleurs le narrateur n'est pas dupe, il dénonce les ordres arbitraires, les planqués de l'arrière, l'incompétence des chefs, les exécutions expéditives. Bientôt c'est vraiment l'horreur, la boucherie dans les tranchées et, pendant les sorties, le tir au pigeon.

    On a déjà beaucoup lu sur le sujet, mais là Tardi nous met des traits et des couleurs qui marquent. Ou plutôt des absences de couleurs puisque peu à peu les couleurs s'estompent pour devenir un gris-marron terne. Les bleus des uniformes et les rouges des pantalons s'effacent et ne restent que les rouges des blessures. La narration en trois cadres permet des vues panoramiques aussi bien sur les paysages  que dans les tranchées.

     

    putain de guerre 2.jpgPutain de guerre : 1917-1918-1919 (Casterman, 2009)

     La deuxième partie est de la même veine. Les combats s'intensifient, l'usage des gaz se banalise, l'horreur augmente encore si cela était possibel. Et la voix du narrateur est remplacée par celles d'inconnus, soldats, français ou allemands, femmes en usine, veuves, infirmières, gamins,.., tous ceux qui sont aussi touchés par cette guerre qui marquera leur vie...

    Après chaque volume, un dossier historique fait par J.P. Verney appporte des détails et approfondit le sujet. 

    J'ai beaucoup apprécié ces deux volumes d'abord parce que j'aime beaucoup le dessin de Tardi et ensuite parce que ça complète bien les trois livres de Thierry Bourcy que j'ai lus récemment sur ce sujet. Laurent précise que Tardi ne se renouvelle pas tellement sur ce sujet depuis C'était la guerre des tranchées, aussi je l'ai emprunté à la bib (un billet dans quelques jours...)

    L'avis de Laurent sur le Tome 1

  • Missak. - Didier Daeninckx (Perrin, 2009)

    missak.jpgJe remercie Babelio grâce auquel j'ai reçu ce livre. Mon mari se l'est approprié dès son arrivée, aussi c'est lui qui fait ce billet...

    "Roman, document ou docu-roman. Réalité ou fiction. Des histoires ou l'Histoire... Voilà les questions qui viennent à l'esprit à la lecture du dernier livre de Daeninckx.
    A travers le Paris des années cinquante où le Parti Communiste était encore une force de premier ordre, J.L. Dragère, journaliste à l'Humanité, est chargé de rechercher des documents retraçant la vie de Missak Manoukian. Cela va lui donner l'occasion et nous permettre de rencontrer des personnages qui ont joué un rôle dans la vie de ce Résistant et qui ont croisé ce héros méconnu dont la lettre d'adieu est à l'origine du célèbre poème d'Aragon L'Affiche rouge.

    Ceux que la période allant des années trente à l'après-guerre intéresse, trouveront dans cet ouvrage le parcours de ces Arméniens, Italiens et Polonais qui se sont mis au service de la France et sont entrés dans la Résistance au nom des valeurs qu'elle représentait.

    Ecrit sous forme d'enquête journalistique, le livre se lit facilement et avec beaucoup de plaisir."

    masse_critique.jpg

  • Medz Yeghern. - Paolo Cossi (Dargaud, 2009)

    medzyeghern.jpgEntre 1915 et 1916, un million cinq cents mille Arméniens furent massacrés par le gouvernement et l'armée de l'Empire Ottoman. Les Arméniens, de religion chrétienne, étaient présents sur ce territoire depuis plusieurs siècles. Les conflits avec les Ottomans furent nombreux, mais rien d'aussi important que ce qui se passa au début du 20è siècle. L'élimination des Arméniens fut programmée : au début, l'armée et l'administration furent débarrassées des éléments arméniens, puis les hommes furent déportés, et enfin le reste de la population fut capturée et envoyée dans des camps.

    Ces événements sont évoqués par Paolo Cossi par le biais de trois personnages. Un Allemand qui, au risque de sa vie, prit le risque de désobéir à sa hiérarchie et de prendre en photos ces massacres. Mehmet Talaat Pacha qui fut ministre de l'Intérieur de 1913 à 1917, puis fut assassiné. Et un jeune Arménien qui, blessé à mort, fut sauvé par un jeune Turc.

    Le dessin noir et blanc de Paolo Cossi, faussement naïf, donne vie à ces personnages grâce à des visages très expressifs. L'histoire, vue à travers eux, parait à la fois dérisoire et tragique. J'ai bien aimé le récit très expressif de cette tragédie.

  • La clé des mensonges. - Jean-Bernard Pouy (Folio Policier, 2009)

    la cle des mensonges.gifZapala est un gendarme bientôt à la retraite. Pour son dernier transfert, on lui demande d'accompagner une jeune fille en train à Bordeaux. De quoi est-elle accusée ? Il n'en sait rien et s'en moque, mais il est bien obligé de se poser des questions quand il se rend compte qu'ils ont été suivis dans le train par des individus qui n'hésitent pas à tirer sur eux... Commence alors une cavale qui va les emmener en Charente et en direction de la Gironde. La clé de l'affaire est ... une clé, une petite clé que l'on peut même avaler, puis récupérer. Il ne sait pas ce qu'elle ouvre mais elle l'obligera à se replonger dans une affaire politico-financière obscure et à retrouver des sensations fortes qu'il pensait avoir oubliées.

    Ce livre a été publié il y a une vingtaine d'années en Série noire et déjà on reconnait ce qui fera la patte de Pouy : un personnage désabusé persuadé d'avoir raté sa vie et qui n'a rien à perdre. Une histoire très noire et qui, on le sait, ne s'éclaircira pas. Et une folle cavale qui va les conduire vers une fin inexorable... Pas le meilleur Pouy, il fera mieux plus tard, mais une lecture efficace et oppressante pour amateur de polars noirs !

     Comme moi  Yv l'a lu d'une traite