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  • Pascal Garnier écrit aussi pour la jeunesse

    Une collègue m'ayant dit que les romans pour la jeunesse de Pascal Garnier étaient aussi très intéressants, j'en ai pris un "paquet" à la bib et les ai lus pendant mes pauses déjeûner (oui je fais partie des rares blogueuses qui adorent lire et manger en même temps..)

    On reconnait bien son univers et j'ai pris beaucoup de plaisir à lire ces quatre romans jeunesse après avoir lu ses romans pour adultes. L'atmosphère est un peu moins sombre mais ses personnages sont quand même toujours un peu à la marge, ils ne se sentent pas bien dans le monde tel qu'il est et il leur faudra une rencontre ou un déclic pour aller mieux.

    motus.jpgMotus (Syros, Souris noire, 1989)
    Antoine traine son ennui dans le square. Il est triste car il doir changer d'école et il ne veut pas encore rencontrer de nouveaux enfants, être dans une nouvelle école. Pour convaincre ses parents de ne pas y aller, il ne trouve qu'une solution, ne plus parler, être muet. Mais peu à peu tout le monde le considère comme légèrement retardé... tout le monde sauf l'oncle Féfé, baroudeur et voyageur qui lui propose de l'emmener dans "son" château pour l'aider. Mais de drôles d'occupants arrivent dans ce château, que cachent-ils ?
    Voilà un joli roman d'aventure où le jeune Antoine va pouvoir retrouver la joie de vivre.

     

     

    decharge.jpgLa décharge (Syros, Souris noire, 1992)
    Rico ne se plait pas vraiment chez sa tante Zita en vacances, et dès qu'il le peut (après un événement tragique !) il part et rencontre une fille de son âge. Sa vie est beaucoup plus amusante car elle habite avec son père qui s'occupe de la décharge municipale. Elle a des centaines de jeux et de jouets, elle peut faire du tobogan sur le tas d'ordures et un jour elle a même trouvé un coffre plein de billets et d'or. Mais les propriétaires du coffre viennent le récupérer et Rico va se trouver mêlé à une aventure bien dangereuse.
    Encore un roman d'aventure très agréable.

     

     

    traqués.jpgTraqués (Gallimard, Médium, 1995)
    Ce titre est pour les plus grands (pour des adolescents). Les deux frère Bouin vivent dans une caravane sans leurs parents et vont à l'école quand ils y pensent. Quand l'assistante sociale passe, ils lui disent que justement leurs parents viennent de s'absenter. Mais cette fois ils ne peuvent plus mentir et quand elle arrive, ils s'enfuient et rencontrent Vanessa, aussi paumée qu'eux, un peu plus grande peut-être. Ensemble ils essaient de se débrouiller pour manger et dormir, mais tout s'arrange quand elle les emmène chez une grande-tante qui habite au bord de la mer. Elle est originale mais pas fâchée de voir un peu de vie autour d'elle, surtout que les uns et les autres commencent à prendre leurs habitudes et à vivre sereinement. Mais des enfants en fuite peuvent-ils refaire leur vie tout simplement ici ?

    On sent que l'auteur est vraiment très proche de ces enfants paumés et qu'il a beaucoup de tendresse pour eux. Certes ils ne sont pas toujours très honnêtes mais ils n'ont pas le choix, et quel plaisir de les voir s'épanouir dans cette maison au bord de la mer. La fin reste très ouverte...à vous de voir..

     

    gare de rachid.gifLa gare de Rachid (Syros jeunesse, les uns et les autres, 2000)
    Celui-ci est aussi pour les plus grands. Quand Rachid est arrivé d'Algérie à Paris, il a tout de suite trouvé du travail dans une gare comme balayeur, et celle-ci est devenue son univers. Il la connait dans ses moindres recoins, il connait aussi tous les horaires des trains, il habite juste à côté. Il est heureux dans cet endroit qu'il s'est approprié. Mais un jour il est convoqué et on lui annonce qu'il est licencié, une machine à nettoyer va remplacer plusieurs balayeurs. Que peut-il trouver d'autre, que va-t-il faire ? Il décide de continuer à balayer sa gare comme si de rien n'était, et il squatte un vieux wagon désaffecté. Mais cette solution ne va pas pouvoir durer....

    J'ai vraiment été très touchée par ce récit plein d'humanité et très actuel. Ou comment la vie d'un homme peut être détruit en quelques instants sans qu'il puisse rien faire. En revanche pas de happy end, les contes de fée n'existent pas quand on s'appelle Rachid et qu'on est balayeur !

     

  • L'A26. - Pascal Garnier (Zulma, 2009, rééd 1999)

    A26.jpgToujours du roman très noir avec Pascal Garnier. Cette fois nous rencontrons Bernard, employé SNCF et malade. Il vit avec Yolande, sa soeur, qui n'est pas sortie de la maison depuis qu'elle a été tondue à la Libération. Une maison auprès de laquelle "n'importe quelle décharge ferait figure de lieu de pique-nique" à côté. Murée dans sa folie, elle voit le monde comme il était pendant la guerre. Bernard garde encore un pied dans la réalité avec son travail, mais bientôt il doit s'arrêter, trop malade, et là il ne réussit plus à maîtriser ses pulsions violentes...

    Ce roman édité d'abord en 1999 porte en lui la vison très pessimiste de la vie que l'on retrouvera dans les autres romans de Garnier. En revanche je trouve qu'il lui manque justement ces touches d'humanité et de tendresse qui mettront l'accent sur le fil ténu qui sépare la "normalité"  du "tragique". Ici la folie est présente tout de suite et on sent que ça ne peut que très mal finir. J'ai préféré La théorie du panda où la folie est sous-jacente et surgit tout à coup sans que l'on s'y attende. Mais ça reste du très bon roman noir à lire quand on est inconditionnel de Garnier !

     

    InColdBlog a beaucoup aimé (mais pas de billet)

  • Nueva Königsberg. - Paul Vacca (Philippe Rey, 2009)

    nueva konigsberg.jpg1946. Le jeune Sébastien traîne son chagrin d'amour à Paris. Mais Jean-Baptiste Botul, philosophe, lui propose pour le distraire de partir avec lui au Paraguay étudier les moeurs d'une communauté bien particulière. Ses habitants vivent, mangent, s'habillent,... selon les principes de Kant, dans un village re-baptisé Nueva-Königsberg. Reste une question en suspens à laquelle Botul doit répondre : quelle doit être leur vie sexuelle ? Abstinence, comme Kant, mais dans ce cas la communauté va s'éteindre ? Ou amour libre selon les principes généraux kantiens, mais comment éviter la débauche, la jalousie,... ? Sébastien pense au début qu'il est tombé dans une communauté de fous, puis peu à peu, il commence à trouver du charme à cette vie "raisonnable", surtout en compagnie de la jolie institutrice...

    Bien loin du charme nostalgique de La petite cloche au son grêle (encore qu'il y ait quelques allusions à Proust dans ce livre...), Paul Vacca nous propose une sorte de fable philosophique légère et grave tout à la fois. Quelle est la finalité de l'existence, comment vivre selon la "raison", ... Autant de questions sérieuses traitées de manière très enlevée dans ce récit que j'ai lu le sourire aux lèvre. De plus il m'a ramenée à mes années d'étudiante quand j'étudiais Kant et que le prof nous racontait exactement ce qui est dit dans le roman à propos du rythme de vie tellement régulier de Kant que les habitants de Königsberg réglaient leur montre sur sa promenade ! En revanche je ne connaissais de Botul que le nom et j'ai été très intéressée d'en savoir un peu plus en allant sur Internet ! Question subsidiaire : après Proust et Kant, que va nous écrire Paul Vacca la prochaine fois ....

    Tout le monde a aimé  Amanda Bellesahi Cathulu Clarabel Keisha Aifelle

  • Bunker. - Philippe Huet (Rivages, 2008)

    bunker.gifDécidément j'aime beaucoup ces auteurs français de polars qui vont fouiller dans l'Histoire pour nous proposer d'excellents romans ! (Daeninckx, Pécherot,...)

    Ici nous sommes en Normandie à côté des plages du Débarquement et, dans le café-auberge local, quelques vieux tapent la belote en évoquant leurs souvenirs (parfois enjolivés...) de la seconde guerre. En tout cas ils ont en commun d'avoir une sérieuse dent contre les Allemands, les "schleux", les "frisés", les "boches" quoi ! Et justement il y en a un, la quarantaine, qui loge ici depuis plus d'une semaine. Bizarre en dehors de la saison touristique. Que cherche-t-il ? Fournier, le patron du bar, ne tient pas à ce qu'il vienne fouiller dans ces vieilles histoires. Mais Grangier, un original fondu d'histoire du débarquement, lui aussi s'intéresse à cette période, mais tient-il à aider l'Allemand ? Il faudra un meurtre pour que la police s'en mêle, mais personne ne veut vraiment dire la vérité dans cette histoire....

    L'auteur réussit dès le départ à nous embarquer dans son histoire et dans son bar-auberge comme si on y était. Le quotidien est bien évoqué et les descriptions des personnages principaux est à la fois sévère et pleine de tendresse. Les mesquineries, les regrets, les remords... La vie quoi ! Les histoires de la petite fille de Fournier, amoureuse d'un baba-cool passionné lui aussi d'histoire, met un peu de romanesque et de légèreté dans l'histoire. Mais que l'on ne s'y trompe pas, ces histoire ont fait trop de dégâts pour que ça se termine bien et il y a eu trop de rage contenue pendant tout ce temps....

    Un livre que j'ai découvert sur Moisson noire chez Jeanjean qui l'a lu "cul sec" ! Jean-Marc Laharrère aussi a beaucoup aimé.

     
    (oui, entre Pascal Garnier, Dans la brume électrique, et Huet, je suis vraiment dans le "noir" en ce moment....)

  • Dans la brume électrique (de Bertrand Tavernier, avec Tommy Lee Jones, 2009)

    dans la brume.jpgAlors qu'une équipe de cinéma est en train de tourner un film sur la guerre de Sécession en Louisiane, Dave Robicheaux, policier, arrête une des stars en état d'ébriété. Celui-ci lui affirme avoir vu le corps momifié d'un Noir enchaîné dans le bayou. Dave sait que c'est vrai car il se souvient d'une scène de Noir courant dans le marais et assassiné devant ses yeux alors qu'il était enfant. Mais délire-t-il quand il dit avoir vu des (vrais) soldats de la guerre de Sécession dans le marais ? Et une jeune femme vient d'être sauvagement assassinée, or Dave doit avant tout enquêter sur cette affaire, sachant que le caïd local qui produit le film ne dédaigne pas les faveurs des jeunes femmes. Cette plongée dans la Mafia locale sera violente mais Dave veut à tout prix rétablir la vérité sur le meurtre de ce Noir et abattre ceux qui tiennent la région;

    Ce film est l'occasion pour Tavernier d'allier à la fois le film noir (ce récit est tiré d'un roman de James Lee Burke), l'attrait pour l'Histoire et ses fantômes (comme dans Coup de torchon) et le tournage sur ces lieux magnifiques que sont les bayous de Louisiane. Pour ma part j'ai été conquise par ce film que j'ai aimé d'un bout à l'autre. Tommy Lee Jones est impérial dans son jeu à la Clint Eastwood, les personnages secondaires sont tous très travaillés, le scénario est solide (merci James Lee Burke), les paysages magnifiques, et la part d'imaginaire apportée par ces mystérieux soldats met de l'humanité et de la sensibilité dans ce personnage très attachant de Dave Robicheaux. J'ai l'impression que toute l'âme de le Louisaine passe dans ce film splendide !

    A noter qu'il faut le voir en V.O. pour profiter de tous les accents différents des personnages.

     Alain et Ys sont partagés. Aifelle a beaucoup aimé

     

  • La frontière de verre . - Carlos Fuentes (Gallimard, 2006)

    2070749088.gifA l'occasion du Blogoclub de lecture sur Fuentes, je republie ce billet car je n'ai pas trop envie de me replonger dans la littérature mexicaine (c'était bien pourtant..)

    Le Mexique au Salon du Livre 2009

    Je vais terminer ce travail sur cette découverte de la littérature mexicaine par l'auteur le plus connu en France, Carlos Fuentes.

    Carlos Fuentes a vécu dans différents pays d'Amérique latine (son père était diplomate) avant de faire des études de droit au Mexique et de devenir ambassadeur du Mexique en France. Très engagé à gauche et très opposé à la politique culturelle et économique des Etats-Unis, il était proche du poète mexicain Octavio Paz (avant de se fâcher avec lui...) et a enseigné dans plusieurs universités américaines et anglaises. Il est l'auteur d'une oeuvre très importante, aussi bien des romans que des essais, des nouvelles et des scénarios.

    Ce livre, sous-titré Roman en neuf récits, peut être une bonne introduction à la littérature mexicaine car il traite de ce qui est un des problèmes mexicains essentiels : les relations américo-mexicaines. Rappelons qu'une grande partie du Sud des Etats-Unis était mexicain jusqu'à la guerre de 1846-1848 qui permit aux USA d'annexer la Californie, le Colorado, le Nouveau-Mexique, le Texas, l'Arizona et le Nevada. Les tensions entre ces deux pays aujourd'hui sont d'autant plus vives que, comme l'écrit Fuentes, "tant qu'un pays pauvre existerait à côté du pays le plus riche du monde, ce qu'ils faisaient, eux, la police de la frontière, équivalait à vouloir comprimer un ballon ; ce qu'on serrait ici ne servait qu'à faire gonfler par là".

    La frontière est symbolisée par le fleuve, Rio Bravo du côté mexicain et Rio Grande du côté américain. Autour de ce fleuve s'est développée àcarlos fuentes.jpgla fois une industrie importante côté mexicain, intéressée par la proximité des Etats-Unis pour l'exportation, et un trafic de Mexicains et aussi d'autres habitants d'Amérique du Sud cherchant à émigrer aux Etats-Unis.

    Tous les nouvelles montrent bien la manière dont ces deux activités sont mêlées. Les Mexicaines pauvres du sud du pays et venues travailler à la frontière côtoient les industriels profiteurs et les passeurs qui vivent dangeureusement. Tous espèrent trouver une meilleur situation, que ce soit de manière plus ou moins honnête ou légale. Les personnages de ces nouvelles se croisent tous à un moment ou à un autre, et en terminant ce recueil on a l'impression de connaître ce morceau de Mexique !

    Un avis dans Ratsdebiblio

    Un autre billet sur Fuentes ici sur le blog de Laurent.