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  • Mes jours : mémoires d'un Indien du Sud. - R.K. Narayan (Le Serpent à plumes, coll Motifs, 2005)

    medium_9782268056630TN.gifJ'ai eu une excellente surprise en lisant ce récit. En effet je l'avais pris car Narayan fait partie des quelques écrivains qui ont écrit après Tagore mais avant les romanciers contemporains que nous connaissons mieux (Rushdie, Naipaul, Nair, Desai, etc...). Je m'attendais donc à un récit encore influencé par Tagore et emprunt de classicisme. Pas du tout ! Ce livre qui est en fait une autobiographie de l'auteur, est d'une étonnante vivacité et se lit presque comme un roman d'aventures !

     

    Né au début du siècle, Narayan vit à Madras avec sa grand-mère car son père est directeur de lycée et déménage souvent. Il passe donc son enfance dans une maison d'un quartier de Madras et il découvre peu à peu la ville au fur et à mesure qu'il grandit. Ses compagnons : un singe et un paon qui l'accompagnent partout et l'aident à faire les bêtises d'un enfant de son âge. L'école ne lui apporte pas ce qu'il souhaite et est surtout là pour dresser les enfants. Ses grandes vacances se passent avec ses parents et ses frères et soeurs qu'il découvre chaque année avec un peu de crainte et quitte à la fin de l'été avec tristesse. Au fur et à mesure qu'il grandit, on voit naître chez lui le goût de raconter des histoires. Nouvelles, pièces de théâtre, tout est bon pour assouvir son imagination débordante. Après le lycée, sa décision est prise, il sera écrivain ! Mais son père, maintenant en retraite, ne peut seul assurer les revenus de la famille et le narrateur devrait le seconder. Mais les quelques essais qu'il fait dans la vie courante sont des échecs ! Il ne sait faire qu'un chose : écrire ! Heureusement il aura quelques coups de pouce dans sa vie, dont celui de Graham Greene qui a lu un de ses manuscrits en Angleterre et l'a donné à son éditeur. Toujours entre deux orages financiers (une fois qu'il sera marié, ce sera pire), il réussira pourtant à publier une oeuvre assez considérable qui est mal connue en Europe (enfin... de moi en tout cas, et de ce que j'ai lu ;-)  ).

     

    Ce récit est vraiment très moderne dans le ton et dans la narration, je pense que la traduction très fluide est aussi pour beaucoup dans cette modernité. Il donne de l'Inde une image pas du tout caricaturale car il s'attache davantage aux personnes qu'au décor ou qu'à l'arrière-plan politique (la guerre est évoquée mais pas du tout l'indépendance). D'ailleurs après avoir lu les livres de Tagore et celui-ci, je remarque que pas une seule fois n'est évoquée la question des castes. Ici on sait juste incidemment que l'auteur est brahmane mais ce n'est qu'une indication expliquant un détail. Bref voilà un livre très vivant avec plein d'anecdotes que l'on peut tout à fait lire pour découvrir la vie en Inde dans la première moitié du 20è siècle et pour suivre l'itinéraire d'un écrivain indien.

     

    Une chronique de Bernard Frank sur ce livre : . Il a lu ce livre avec "délectation" !

     

  • Le pays des cerisiers. - Fumiyo Kouno (Kana, 2006)

    medium_paysdescerisiers.jpgC'est son éditeur qui a demandé à Fumiyo Kouno d'écrire une histoire sur Hiroshima. Elle habitait cette ville mais ne faisait pas partie des "hibakusha" (nom donné aux victimes de la bombe A). Elle avait compulsé plein d'archives sur le bombardement d'Hiroshima, lut des témoignages sur les victimes de la bombe, mais n'avait encore jamais eu le cran d'écrire une histoire sur le sujet. Voilà qui est fait avec ces deux récits.

     

    "La ville du Yunagi" se situe à Hiroshima dix ans après la bombe. Des commémorations sont prévues pour que ne recommence jamais cette tragédie. Minami travaille dans un atelier de confection, vit avec sa mère et est courtisée par un collègue. Pourtant elle ne réussit pas à vivre normalement, les images du bombardement la hantent depuis ce jour où son père et sa soeur sont morts. Les défunts l'accompagnent, l'empêchant de vivre sa vie et l'attirant même vers eux inéluctablement à cause des effets secondaires de l'irradiation.

     

    Dans "Le pays des cerisiers", l'histoire se déroule trente ans plus tard et se concentre sur Nanami, une petite fille dont la relation de parentée avec Minami sera révélée au fur et à mesure. Puis une dernière partie qui se déroule de nos jours permet de retrouver les victimes de la bombe et leurs descendants et Nanami devenue adulte, qui se retourne sur medium_paysdescerisiers2.jpgcinquante ans de vie familiale marquée par les effets de la bombe.

     

    Contrairement à "Gen d'Hiroshima" (que je n'ai pas encore lu) qui décrit le bombardement lui-même, ce manga montre la vie après et les conséquences de la bombe sur la vie quotidienne et les habitants de la ville. Ce sujet difficile est traité avec délicatesse par un auteur qui souhaite que l'on puisse en parler sans tabou au Japon et dans le reste du monde.

  • Blog de Noël

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    medium_9782871299288.gifBlog en vacances pour le week-end de Noël. Ensuite je vous parlerai d'un excellent manga "Le pays des cerisiers" et d'un non moins excellent récit indien "Mes jours : mémoires d'un Indien du Sud" de R.K. Narayan.

    Bon Noël à tous et à toutes !

  • Souvenirs d'enfance . - Rabindranath Tagore (Gallimard, L'imaginaire, 2005)

    medium_2070704521.08._AA240_SCLZZZZZZZ_.jpegAprès les nouvelles de Tagore, voilà son enfance, ou comment prolonger un peu le plaisir d'être avec ce grand auteur.

    Ecrit en 1940, soit l'année avant sa mort alors qu'il avait quatre-vingts ans, ce recueil exprime les impressions qui lui restent de son enfance alors qu'il est à la fin de sa vie (il ne le sait pas encore... mais bon..). C'est-à-dire que loin d'être un récit chronologique, c'est une succession de moments qui l'ont marqué. Ses échecs à l'école par exemple, cette école qu'il n'aime pas au point d'essayer de tomber malade par tous les moyens. Mais il avait une santé de fer ! Ou la vie dans cette ville de Calcutta qui changera tellement à l'aube du 20è siècle (eau courante électricité, cinéma... pour les plus fortunés bien sûr). Les petits conflits avec sa (ses) belle-soeur(s), (il était le 14è enfant de la famille), mais aussi les plaisirs partagés avec ses frères. Et l'art dans lequel il excellait, déjà tout jeune, la poésie bien sûr. C'est ce qui lui permettra d'épater quelques filles, et aussi d'être publié dans le journal de son frère.


    Ce qui ressort, c'est la fraîcheur des souvenirs que Tagore garde encore de son enfance malgré son âge. Certes il y a tout un arrière-plan qui, pour nous, parait très exotique (monter à dos d'éléphant , écouter les extraits du Ramayana, ...) , mais le reste pourrait être repris dans "Le petit Nicolas" ! Les découvertes de l'enfance, ses émerveillements, ses roublardises, ... tout cela est universel et on le sent bien dans ce récit. Il y a un petit plus quand même, c'est la poésie qui était déjà présente chez Tagore !

  • La bicyclette rouge. - Kim Dong Hwa (Paquet, 2005 - 2006)

     

    Coup de coeur pour ce manhwa (= bande dessinée coréenne) qui magnifie la vie quotidienne, la nature et les gens par de superbes dessins en couleur (aquarelle ?) et par l'intermédiaire de son héros, postier à bicyclette, qui sert de fil conducteur à cette série.

    medium_9782888900221.gif1 : Yahwari

    Premier volume de la série, et le plus réussi à mon avis, mais c'est peut-être le plaisir de la découverte. Notre héros parcourt le village de Yahwari et sa tournée lui permet de visiter la campagne environnante, d'admirer les fleurs et les champs , mais surtout de faire le lien entre les habitants. Dans ces maisons aux noms évocateurs (pas de numéro ici, mais "La maison de l'arbre aux kakis" ou "La maison lumineuse"), il y a des poètes, des femmes seules, des couples qui se disputent (on va les retrouver partout ces couples..), des parents qui attendent leurs enfants, la vie quoi ! L'humour est toujours présent avec, par exemple, cette grand-mère qui râle parce qu'elle n'a jamais de courrier... et téléphone tous les jours à son petit fils avec son portable ! En tout cas le courrier est encore très important ou, s'il n'y a pas de courrier, le passage du facteur !

     

    2 : Les roses trémièresmedium_9782888900528.gif

    Dans ce volume, les saisons rythment la vie quotidienne, les travaux des champs sont encore l'occupation principale de notre petit village, même si la modernité arrive à grand pas. Des croquis ravissants nous montrent les feuilles rouges de l'automne rassemblées en forme de coeur, mais aussi les rides de la grand-mère (celle qui se dispute toujours avec son mari) et les jeunes femmes modernes qui viennent quelques jours à la campagne. Et les enfants de là-bas qui aiment aussi aller manger des pizzas à la ville voisine, la grand-mère les accompagne et compte qu'une pizza coûte l'équivalent de 400 concombres ! C'est bien cher à la ville !

     

    medium_9782888901167.gif3 : Les mères

    Hymne aux femmes, et plus précisément aux mères, ce volume est plein de charme. Les réflexions sur le temps qui passe, la beauté qui se fâne, mais la nature qui vous réconcilie parfois avec la vie (pas toujours) sont délicieuses ! Refaire les plats que les enfants aimaient même s'ils ne sont pas là (décidément ils sont tous à la ville avec leur famille les enfants de ce village !), acheter un réveil qui ne marche pas pour faire semblant d'arrêter le temps, faire une fugue alors qu'on est déjà bien vieux rien que pour réaliser un rêve,... A lire avant de dormir pour être vraiment serein face au temps qui passe....

     

    Les mangas (et autres BD asiatiques) vont alterner avec la littérature indienne ....., journée "Manga" en préparation oblige !

    medium_bicyclette-rouge2.3.jpg
  • Le Vagabond et autres histoires. - Rabindranath Tagore (L'Imaginaire-Gallimard, 2006)

    medium_9782070764051.2.gifLes lectures se suivent et ne se ressemblent pas. Après les interrogations sexuelles et sentimentales d'un gay bostonien, voici des nouvelles sur l'Inde rurale de la fin du 19è et du début du 20è siècle !

    J'ai choisi de commencer mes lectures sur la littérature indienne par Tagore qui est l'un des premiers à avoir écrit des oeuvres romanesques telles que des romans ou des nouvelles. En effet, après les grandes épopées comme le Mahabharata et le Ramayana, c'est au 19è que se sont développées les traductions d'auteurs occidentaux et que sont nés les premiers romans.

    Tagore est surtout connu pour sa poésie, pourtant j'ai découvert par ce recueil de nouvelles qu'il savait merveilleusement raconter des histoires de la vie de tous les jours, comme le faisait un Maupassant à peu près à la même époque. Ses sujets de prédilection sont la vie quotidienne des paysans, les traditions, l'intérêt pour l'étude (il a créé une école et une université) et bien sûr l'amour !
    Dans "La jeune mariée", une jeune fille vive et impulsive est unie à un jeune homme calme, cultivé et très amoureux d'elle. Mais il faudra qu'elle apprenne à mûrir avant de devenir une femme en tant que telle !
    Dans "Le vagabond", un jeune homme aime aller et venir, découvrir le monde et les hommes sans attaches ni sentiments. La seule chose qui saura le retenir, c'est la possibilité d'étudier qui lui ouvre le monde. Mais cela suffira-t-il à lui ôter l'envie de voyager ?
    Dans les autres nouvelles, l'amour, la nature et la soif de savoir se mêlent souvent dans de beaux portraits d'hommes et de femmes.

    J'ai pris beaucoup de plaisir à lire ces nouvelles où l'humanisme et la soif de justice sont toujours présents. Même si certaines situations semblent aujourd'hui un peu dépassées (même en Inde), les sentiments et la nature restent les mêmes et sont superbement décrits.

  • Sexe et dépendances. - Stephen McCauley (Flammarion, 2006)

    medium_9782080690050.gifWilliam est agent immobilier à Boston. Lassé des rencontres gays sur Internet, il essaie la chasteté... La venue de Charlotte et Samuel, couple atypique, l'oblige à s'interroger sur ses sentiments, sur sa vie, sur lui quoi...

    L'art de tenir une intrigue n'est pas le point fort de McCauley, pourtant c'est un romancier que j'adore. Il a un talent fou pour créer des atmosphères et à la fin de ses romans, on connait son héros comme si c'était notre ami d'enfance. Son humour me ravit, je souris d'un bout à l'autre avec tendresse mais aussi avec une larme au coin de l'oeil car ce n'est jamais loin du désespoir. C'est à Woody Allen qu'il me fait penser, un Woody Allen gay... Lisez tous ses autres romans, ils ont tous autant de charme.


    Je n'en dis pas plus car In Cold blog a fait un superbe article ainsi qu'une interview de Stephen McCauley, si, si ! Je vous engage vivement à aller voir tout ça !