1944, Ravensbrück et ses quarante mille femmes. Parmi elles, Mila et sa cousine Lisette. Comment survivre dans cet enfer. Essayer d'abord de comprendre les aboiements en allemand qui ponctuent les journées. Tenir en mangeant les rations minimes octroyées. Obéir et travailler sinon ce sont les coups de fouet. Essayer de prendre un peu de repos à deux sur une paillasse de 65 cm de large. Se réchauffer quand l'hiver arrive. Et ne pas penser que l'on est enceinte, le cacher car ça peut nuire. Mais accoucher quand même et laisser son bébé dans la "Kinderzimmer" où d'autres nourrissons survivent deux à trois mois. Comment les nourrir, comment avoir du lait alors qu'on est squelettique...
Et comment parler d'un énième livre sur les camps de concentration. Comment ne pas être submergée par l'émotion de cette lecture. Essayer de voir ce qui est particulier à ce livre, peut-être le fait que ce soit centré uniquement sur des femmes et que la tendresse, la solidarité, la proximité physique apportent peut-être plus de réconfort que dans un milieu masculin (les "cadeaux" offerts après la naissance du bébé...). Être frappée par le début du livre, quand Mila, très longtemps après, raconte son histoire à des lycéens et qu'une lycéenne lui demande "Mais alors vous ne saviez pas où vous alliez, vous ne saviez rien de Ravensbrück...". Non elle ne savait rien, elle ne pouvait pas imaginer, et d'ailleurs comment aurait-elle pu imaginer l'inimaginable. Et comment en parler au retour quand son père lui dit "Nous aussi à Paris on a eu faim et froid". Et comment le dire à son fils une fois grand. Et même après avoir lu des récits sur le sujet, il faut lire ce roman qui est aussi le récit de témoignages recueillis par l'auteur, et le faire lire pour que jamais on n'oublie !
L'avis de Clara avec un beau commentaire de Valentine Goby


C'est un souvenir obsédant qui est à l'origine de ce récit : l'auteur est arrivé par hasard, en pleine campagne, un jour de pluie, dans une maison abandonnée. Dans la grange se trouvaient des cartons pleins de lettres et de papiers personnels. Où étaient les habitants, pourquoi ont-ils tout laissé, que reste-t-il d'eux, toute leur vie est-elle dans ces papiers ? A partir de ce souvenir Alain Rémond évoque l'importance qu'a eu pour lui l'écriture, le papier, le courrier, mais aussi le fait que notre vie peut être résumée en quelques papiers que nous devons absolument garder, feuilles de paie, papiers de notaire,...
