Comme chaque année, vous pouvez trouvez ici chez Laurent un palmarès de la rentrée littéraire concocté par un groupe de bibliothécaires :-)
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Comme chaque année, vous pouvez trouvez ici chez Laurent un palmarès de la rentrée littéraire concocté par un groupe de bibliothécaires :-)
Le narrateur, Nathan Zuckerman, est un écrivain âgé qui a choisi depuis onze ans de se retirer dans le Massachusetts pour se concentrer sur son travail d'écriture. Après un cancer de la prostate, il souffre de problèmes d'incontinence et d'impuissance et cette déchéance physique conditionne toute sa vie. Pourtant il retourne à New-York en 2004 pour essayer un nouveau traitement, et là il est violemment confronté à tout ce dont il s'était éloigné depuis toutes ses années. La violence de la politique car c'est la réélection de Bush. L'énergie des jeunes écrivains et leur arrivisme avec Richard Kliman qui veut révéler des secrets de Lonoff, le mentor de Zuckerman. La déchéance des gens de son âge avec Amy, la muse de Lonoff, très diminuée par ses problèmes de santé. Et surtout le désir qui s'incarne dans Jamie, la jeune femme d'un couple qui souhaite faire un échange de maison avec Zuckerman. Zuckerman est bouleversé par toutes ces émotions dont il s'était soigneusement protégé pendant toutes ces années...
Dans ce livre l'auteur réussit magnifiquement à évoquer des émotions à la fois individuelles et collectives. Dès les premières pages on reçoit de plein fouet la déchéance physique de Zuckerman, déchéance que l'on suivra tout au long du livre et qui est à la limite du supportable, mais qui permet d'entrer au plus profond du personnage. La violence de son désir pour Jamie et son incongruité sont analysées par un homme se connaissant bien et qui est lui-même déconcerté par cette agitation. La perte de repères de ses compatriotes se traduit par l'effervescence autour des élections, la réélection de Bush et le désespoir des classes intellectuelles. Le monde de la littérature n'est pas moins tourmenté avec une critique littéraire bien égratignée et des jeunes écrivains dénués de scrupules pour réussir.
Bien que n'ayant pas lu tous les livres de Philip Roth, je me suis immédiatement sentie en phase avec ce personnage tellement proche de son auteur et en même temps bien distancié. Et bien que le fond du livre soit plutôt noir par les thèmes abordés, on sent que l'auteur nous fait un clin d'oeil et nous dit que ce n'est pas la fin pour lui. En effet le narrateur se sert de tout ce qui le bouleverse pour le réécrire et en faire une pièce de théâtre.... Et depuis la parution de ce livre en 2007 aux Etats-Unis, Philip Roth a déjà eu le temps de beaucoup écrire...
L'avis de Lapinoursinette
Alors qu'ils ont respectivement 71 et 82 ans, les grands-parents de l'auteur se donnent la mort, un dimanche matin, dans leur maison de Copenhague. Ce n'est pas complètement une surprise car ils l'avaient déjà évoqué depuis que lui était malade, mais une telle décision amène forcément des interrogations. Johanna Adorjan va, par petites touches, essayer de découvrir qui étaient ses grands-parents en interrogeant ses parents et quelques amis de la famille. Juif hongrois, son grand-père sera arrêté pendant la seconde guerre et déporté pendant que sa grand-mère survivra grâce à des faux papiers. Ensuite ils fuiront la Hongrie en 1956 pour aller vivre au Danemark. Toute leur vie sera marquée par ce drame et cette fuite, et cet "amour exclusif" s'expliquera sans doute par ces épreuves qui ont soudé à jamais ce couple.
L'auteur fait preuve de beaucoup de pudeur pour parler de cette histoire. Elle alterne le récit imaginaire de leur dernière journée et l'enquête qu'elle mène pour répondre aux nombreuses questions qu'elle se pose sur leur vie et leur personnalité. Encore un récit personnel dans cette rentrée littéraire qui en compte beaucoup, mais encore une fois un récit délicat sur la quête de l'identité et les conséquences de la guerre.
Celsmoon a beaucoup aimé
InColdBlog m'ayant alléchée avec son billet ici, je me suis soudain rappelé que j'avais ce livre de Pascal Garnier qui m'attendait chez moi ! Je l'ai donc lu d'une traite (comme tous les Pascal Garnier !)
Le narrateur, écrivain las de la littérature jeunesse, écrit un roman qui met à mal la morale. Louis, son héros, décide de faire comme Amélie Poulain : faire le bien autour de lui... mais pas de la même manière. Il remarque que ses amis seraient soulagés de bien des soucis s'ils héritaient, il décide donc de tuer anonymement d'abord sa mère, puis les parents de ses amis. Un peu surpris qu'ils ne débordent pas de bonheur, il continue toutefois son oeuvre philanthropique...
Parallèlement, le narrateur se débat avec une créativité parfois en berne, une belle-fille ravissante et envahissante, des voisins gentils mais eux aussi très envahissants, et un ami désespéré. L'univers s'assombrit, la mort rôde, la fiction ne rejoindrait-elle pas la réalité ?
Ce petit livre est comme d'habitude un régal. Plein de petites phrases qui font mouche, il se joue de la morale tout en observant avec tendresse ses personnages. La vie, ce n'est facile pour personne, surtout pas pour les personnages de Pascal Garnier...
L'avis enthousiaste de Laurent et ceux de Cuné et de Clarabel
Hasard des lectures (et des disponiblités à la bib), je lis cette BD que je guettais depuis longtemps juste après le livre d'A.M. Homes. Or les deux sont sur le même thème : enfants adoptés, ils reviennent sur ce sujet. A.M. Homes décrit la rencontre avec ses parents biologiques alors qu'elle est adulte et attendra plusieurs années avant d'en parler. Jung en fait une bande dessinée à plus de quarante ans.
Jung est né en Corée en 1965. Enfant des rues, il est recueilli dans un orphelinat puis adopté par une famille belge. Entouré de quatre frères et soeurs belges, puis d'une petite soeur coréenne adoptée, il vivra l'enfance d'un enfant de son âge.... quoique pas tout à fait. Sa mère n'est pas quelqu'un de tendre et il est à la recherche d'affection, les enfants de son âge le traitent parfois de chinois, ses rêves sont peuplés d'images lointaines,... Adolescent, en plus des émois de cet âge, il hésite entre amour, amitiés, copine, asiatique, pas asiatique. Il s'est découvert un don pour le dessin et c'est par là qu'il réussira à s'exprimer; Pourtant il gardera longtemps ce traumatisme de l'abandon et à la fois le désir et la peur de l'attachement.
Voilà une bande dessinée magnifique, tout en noir et blanc, avec un dessin tourmenté et pourtant tendre quand il le faut. Les tourments de cet enfant et de cet adolescent nous touchent énormément par ses faiblesses, ses angoisses, son humour aussi. Quelques notes en fin d'ouvrage donnent des renseignements sur l'auteur et sur sa quête d'enfant adopté. Non il ne recherchera pas sa famille biologique. Oui il est passionné par l'Asie et il ira en Corée. Et oui il a fini par épouser.... une Coréenne adoptée !
Les avis tout aussi enthousiastes de Joëlle et de Passion de lire