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  • L'attentat. - Yasmina Khadra (Julliard, 2005)

    Ce livre est un véritable coup de poing dans l'estomac ! L'attentat c'est celui qui a lieu dans un restaurant de Tel Aviv, tuant une quinzaine d'enfants. Amine, chirurgien israelien d'origine arabe, opére toute la nuit les nombreux blessés. Quand il rentre enfin chez lui se reposer, la police lui apprend non seulement que sa femme est morte dans l'attentat, mais surtout que c'était elle le kamikaze. La terre semble s'ouvrir sous lui tellement cette révélation l'anéantit. Sans renier du tout leurs origines arabes, Amine et sa femme n'étaient pas pratiquants et rien ne laissait supposer cette attitude extrêmiste. Qui a-t-elle rencontré ? Depuis quand ? Quel a été son cheminement pour aboutir à ce geste ultime de martyre ?

    J'ai lu ce livre d'une traite. Secouée d'abord par les cinquante premières pages du roman qui décrivent l'attentat et ses conséquences. Compatissante ensuite pour Amine qui vit le rejet de la plupart de ses amis et la douleur de la perte. Accrochée enfin par sa quête inlassable pour retrouver les personnes rencontrées par sa femme et qui l'ont endoctrinée et piégée (selon lui).

    C'est vrai que ce sujet grave est traité sous la forme d'un roman et qu'il n'échappe pas à quelques détails simplificateurs (des arabes parfaitement intégrés à la vie israelienne, un couple parfait, aucun détail qui aurait pu donner des soupçons à Amine, ...) mais dans l'ensemble je trouve qu'il est très instructif pour des lecteurs occidentaux. Non les kamikazes ne sont pas tous des fous ; oui les palestiniens veulent se venger des humiliations subies ; même si les attentats sont bien sûr inacceptables, que reste-t-il à ceux qui ont tout perdu à part la lutte armée?...

    Autant de réflexions que pose ce livre très bien écrit, comme d'habitude, par Yasmina Khadra qui lutte inlassablement pour que l'humanisme remplace la barbarie.

  • Un retour. - Alberto Manguel (Actes Sud, 2005)

    Nestor Fabris, exilé argentin habitant Rome, reçoit une invitation pour le mariage de son filleul, à Buenos Aires. Il n'est jamais retourné en Argentine et c'est avec appréhension qu'il prend l'avion. Pourtant c'est d'abord le plaisir de retrouver sa ville natale qui l'envahit. Il arpente les rues, visite les boutiques. Il retrouve même quelques amis d'alors. Mais curieusement les événements mystérieux s'enchaînent. Pourquoi ne retrouve-t-il pas la rue de son hôtel, pourquoi son amie d'alors ne le reconnait-elle pas, pourquoi le café où il s'installe a-t-il des allures fantômatiques... Le récit devient peu à peu fantastique. Cette ville ne contient plus que les fantômes de ses amis, et ceux-ci lui reprochent de les avoir abandonnés en s'exilant.


    On comprend que Manguel ait eu besoin de reparler de cette période douloureuse de sa vie qui doit le hanter comme un cauchemar sans fin. C'est suffisamment fort pour marquer le lecteur, peut-être un peu court, on aurait aimé partager encore avec Manguel un morceau de sa douleur.

  • Spaghetti. - Gérard de Cortanze (Gallimard, Haute Enfance, 2005)

    Je dois dire que je n'avais jamais lu de romans de Gérard de Cortanze auparavant. Je le voyais comme un auteur plutôt brillant, parisien, et écrivant des romans foisonnants et d'inspiration historique.

    Dans ce récit, c'est son enfance et sa famille qu'il nous présente et c'est vrai qu'on le voit sous un jour plus intime. Il nous raconte qu'il a doublement souffert de ses origines, étant enfant. En effet non seulement on le traitait de "spaghetti" et de "macaroni", mais on se moquait de ses origines nobles ! Quant on dit "noble", il s'agit de nobles désargentés !  Tout ce qu'il raconte dans ses romans, notamment dans "Les Vice-rois", vient directement des aventures inombrables et assez abracadabrantes de sa famille. Ruiné, ayant perdu leur château familial, ils doivent s'exiler en France pour certains, en Angleterre pour d'autres, et là commencent les aventures !

    Voilà un extrait d'une interview, elle donne bien le ton que Cortanze a donné à son ouvrage :

    "A l'école, ça n'a pas tardé: Les aristocrates à la lanterne. Même les profs me disaient que je n'aurais pas dû être là puisque mes ancêtres avaient été guillotinés. J'ai entendu très souvent aussi que j'étais un macaroni, un spaghetti, un rital. Donc, en même temps, j'étais fier et je ne l'étais pas. Du côté de ma mère, là, c'est une marmelade incompréhensible. Le père de ma mère descend de Pierre Pezza. C'est un Napolitain, qui s'installe à Turin, se marie avec ma grand-mère et lui fait cinq enfants. C'est un maçon qui joue de l'accordéon le soir dans les bals et, au moment de la naissance du sixième enfant, il plaque tout pour une jeunesse. Mais on ne racontait pas ça aux enfants il y a cinquante ans. L'écriture est née de ce mystère total."

     

  • Parle-moi du troisième homme. - Jose Carlos Llop (Jacqueline Chambon, 2005)

    1949 en Espagne. Sur l'après-guerre flotte un parfum indéfinissable. Dans une ville de garnison pyrénéenne, le narrateur, adolescent, découvre la vie à travers les agissements des adultes. Libellés anti-franquistes chez les militaires, trahison (?) de la mère, espionnage (?) de son oncle... Même les vacances chez ses grands-parents à Majorque lui posent davantage de questions qu'elles ne lui apportent de réponses. Chacun reste sur une vision de l'existence marquée par les conséquences de la guerre. Le narrateur, lui, fera son apprentissage de la vie grâce à ces observations.

    L'auteur nous propose une évocation assez poétique de l'atmosphère de cette époque vue par les yeux d'un adolescent sensible.

    Ah oui, l'allusion au film : pour le narrateur, l'image du bonheur, c'est celle de son père et de sa mère dansant dans la rue à la sortie d'une séance du Troisième Homme.

  • Le Zèbre de Belleville et Marc Perrone

    Un spectacle de Marc Perrone, joueur d'accordéon diatonique qui allie la nostalgie à l'engagement social, m'a permis de découvrir une petite salle de spectacle hors du commun : le Zèbre de Belleville !

    Sur son site il se présente comme ceci : "Situé au cœur du « Paris qui bouge », l’ancien cinoche de quartier « Le Berry-Zèbre » est aujourd’hui métamorphosé en une salle de spectacle devenue incontournable : LE ZEBRE DE BELLEVILLE.
    Un espace accueillant, chaleureux et convivial se prêtant à toutes les envies, toutes les folies et bien entendu tous les Arts. Un lieu avec une âme en plus !"

    Et si avez lu Daniel Pennac, cela doit, comme moi, vous rappeler immédiatement la tribu Mallaussène, Belleville et son Zèbre !!!

    Quant à Marc Perrone, c'est quelqu'un que j'admire énormément. Le Zèbre le présente ainsi :

    2005 aura été une année de succès pour Marc Perrone.
    Son album Son Ephémère Passion (rue Bleue, L’Autre Distribution) a reçu un très bon accueil et se vend très bien (15 000 exemplaires), ce qui est extraordinaire pour un disque d’accordéon diatonique. Il s’exporte même au Japon…
    Après trois semaines au Théâtre du Renard en Décembre dernier, Marc Perrone a fait un concert vraiment inoubliable pour ceux qui l’ont vu au Bataclan le 26 Avril, avec quelques invités dont Marcel Azzola et Bernard Lubat.
    Pour la rentrée, Le Zèbre de Belleville invite Marc tous les lundis. Il s’y produira toujours avec un artiste de cirque. Il invitera des amis musiciens, mais pas obligatoirement. Il improvisera, au fil des semaines, tout ce qu’il aime partager : des chansons, des accompagnements de films, des duos, des solos, des invités surprises.
    Malmené par la vie, Marc Perrone a la force et le talent extraordinaires de générer la joie de vivre et la générosité, denrée rare en cette période un peu morose. Avec ses accordéons et ses petites chansons, il sait exprimer les émotions les plus subtiles et les bonheurs les plus simples. Un beau sourire illuminant son visage, un œil sur un acrobate qui évolue dans les airs, Marc Perrone fait danser les gens et les âmes.
    Prix de l’ACADEMIE CHARLES CROS 2005