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  • Mon oncle du Congo. - Lieve Joris (Actes Sud, Babel, 1990)

    congo.jpgJournaliste belge, née en 1953, Lieve Joris fait partie d'une famille nombreuse. Celle-ci attend toujours avec impatience les séjours de l'oncle missionnaire au Congo et c'est par lui que Lieve attrape le virus du voyage.

    Dans les années 80, elle décide de partir sur ses traces au Congo belge qui est devenu le Zaïre. Pour s'imprégner peu à peu de ce que son oncle a pu connaître, elle fait le voyage en bateau, et cette traversée est déjà le début du voyage. En effet cohabitent  sur ce navire aussi bien des missionnaires (de moins en moins nombreux il est vrai..), des Congolais/Zaïrois (étudiants ou salariés), et des Belges installés là-bas. Ces derniers vont spontanément proposer à Lieve de se joindre à eux, mais leurs préjugés, idées toutes faites et autres comportements colonialistes vont tout de suite hérisser Lieve ! Il faut dire que celle-ci joue un peu "la naïve qui découvre l'Afrique" et elle veut absolument partager la vie des Africains comme son oncle la partageait !

    Pendant son séjour elle découvrira combien le pays est compartimenté, d'abord entre Blanc et Noirs, et aussi entre différentes ethnies Zaïroises. La toute-puissance de Mobutu a déteint sur bon nombre d'habitants et le système de corruption s'est généralisé. Lieve a beaucoup de mal à retrouver le Congo bon enfant que son oncle lui décrivait...

    La période à laquelle Lieve fait ce voyage est très intéressante car c'est après la "zaïrianisation" du Congo et le pays est soumis à des forces violentes et souvent opposées. Les Blancs (Belges surtout), veulent conserver leurs acquis, les autochtones sont ballotés entre les conflits de pouvoir. Bref Lieve découvre un pays loin du pays "de carte postale" de son oncle missionnaire !

    Je suis plus réservée sur la forme du récit que j'ai trouvé très journalistique. Lieve parle très peu de ses propres sentiments (sauf lorsqu'elle se retrouve en prison...). Elle décrit surtout les lieux et les hommes mais ses réactions personnelles restent timides.

    Ce récit reste toutefois un témoignage intéressant. Il faut dire que j'avais rencontré Lieve Joris à Etonnants Voyageurs en juin dernier, et elle avait séduit tout le monde par sa gentillesse. A noter qu'elle a fait ensuite de nombreux et longs séjours en Afrique, au Moyen-Orient et en Europe de l'Est, qu'elle a racontés dans ses livres.

     

  • La Piel que Habito (par Pedro Almodóvar, Avec Antonio Banderas, Elena Anaya, Marisa Paredes), 2011

    almodovar.jpgUn médecin fait des recherches sur la peau après que sa femme soit morte brûlée. Pour cela il opère secrètement dans sa maison isolée sur une femme cobaye. Sur elle il essaie cette nouvelle peau qui résiste aux agressions extérieures, mais il utilise la thérapie cellulaire interdite pour le moment. Qui est cette femme, est-elle consentante, que sait la domestique... ? Autant de questions qui seront résolues peu à peu selon la technique très efficace du puzzle et grâce à des flash-back habiles.

     

    Le sujet, très fort, et la technique de narration, très efficace, attachent le spectateur à son siège, l'obligeant parfois à fermer les yeux à cause de scènes difficiles à supporter pour des "âmes sensibles". Mais on oublie assez rapidement cet aspect médical dès que l'on commence à comprendre les rouages de cette machination diabolique. Almodovar sait nous tenir en haleine, il sait aussi raconter une histoire hors du commun en soignant toujours sa mise en scène et son image. Je sors du cinéma et suis encore partagée entre le malaise (voulu) de cet arsenal médical méticuleusement filmé, et l'histoire hors du commun qu'Almodovar nous raconte. A noter la sobriété de la magnifique dernière scène !

    L'avis d'Alain qui est d'accord avec moi sur la dernière scène (mais Alain je trouve que tu en racontes un peu trop...)