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  • Remington . - Joseph Incardona (Fayard noir, 2008)

    remington.jpgMatteo est dans une mauvaise passe. En fin de droit à l'Assedic, il est obligé d'accepter des travaux d'intérim de vigile. Ce monde est bien loin de qui le passionne : l'écriture. Chaque jour il écrit plusieurs heures, prenant comme départ des faits divers dans les journaux, et s'aidant des conseils de l'écrivain qui anime l'atelier d'écriture hebdomadaire. Toute sa vie est contenue dans ces mots qu'il aligne dans son studio en compagnie de son chat. Ce qui lui permet de se défouler : la boxe, qu'il pratique comme un fou mais sans vouloir faire de combats organisés. Sa vie sentimentale est vide jusqu'au jour où il rencontre Elsa à l'atelier d'écriture. Comme lui, elle vivote de petits boulots mais elle met toute sa vie dans l'écriture et veut absolument publier son roman. D'ailleurs elle lui demande de le relire et de le corriger..... Elle est aussi extravertie et survoltée que lui est renfermé et solitaire. Leur liaison est passionnée mais l'écriture la rendra explosive. Ou comment aimer et partager quand on a un ego démesuré et que l'autre triche...

    J'ai lu ce roman noir d'une traite, aimantée dès le début par ce personnage auquel j'ai donné tour à tour les traits d'Humphrey Bogart (solitaire avec une machine à écrire Remington...) puis de Philippe Djian (en écrivain tourmenté...). La narration à la première personne permet d'entrer dans le quotidien de ce personnage attachant et complexe. C'est un roman noir, donc pas de meurtre au départ, pas d'énigme, mais une intrigue linéaire qui ne manque ni d'humour ni de cynisme. On comprend que cette histoire va mal se terminer, peut-être même comme ces faits divers qu'il collectionne, mais l'auteur prend son temps. Amateur de thriller ou d'histoire à rebondissement s'abstenir. Les autres se régaleront.

     

    Les avis positifs de Manu, Alain et Jeanjean

  • La petite cloche au son grêle . - Paul Vacca (Philipe Rey, 2008)

    9782848761121.jpgComme une grande partie de la blogosphère, je suis tombée sous la charme de cette petite cloche...Passé le premier moment de surprise avec ce "tu" qui interpelle, j'ai suivi le narrateur pendant son retour du collège au bar familial, puis avec sa mère pour le retour à la maison et la promenade rituelle. La lecture est un moment privilégié entre eux deux, jusqu'au jour où elle découvre qu'il a de lui-même commencé à lire Proust (pour des motifs pas très avouables d'ailleurs..), et celui-ci va devenir central dans leur vie. Chez eux on lit Proust, on parle Proust, on rit Proust... jusqu'à rendre un peu jaloux le père... Mais de plus en plus régulièrement elle doit aller à Paris "voir une tante"... . La maladie va peu à peu faire partie de leur vie, mais de manière légère, chacun cherchant à rassurer l'autre. Et quoi de mieux pour lui faire plaisir que faire venir un comédien pour une lecture de Proust dans le bar ou faire un spectacle sur Proust....

    On peut lire ce roman sans avoir lu Proust, mais franchement on apprécie mieux quand on connait La Recherche, et je peux parier que l'auteur est un proustien forcené ! Tout dans ce roman est proustien, la narration à la première personne, la promenade avec la mère (du côté de Méséglise ou du côté de Guermantes chez Proust, où le narrateur respire l'odeur des aubépines avec sa mère et où il aperçoit Gilberte), l'attachement presque maladif à la mère, la plongée dans le monde de la lecture...Et la fin surtout où il aura besoin de revenir dans ce village et dans ce bar pour raconter, pour se souvenir. Et là tout à coup il écrit le livre que nous venons de lire, dédié à sa mère, comme le narrateur chez Proust à la fin du Temps retrouvé pourra écrire ... La recherche ...
    Et j'allais oublier la petite cloche qui annonce l'arrivée de Swann, et aussi celle qui annonce le dîner...

    Mais tout cela est écrit de manière légère, avec un humour qui ravit (les interrogations du père sur la sexualité de son fils sont vraiment très drôles...). On ne peut qu'être charmé par ce récit que l'on voit se dérouler sous nos yeux (l'auteur est scénariste je crois...) et on l'imagine bien dans un joli village normand. Bon je crois que je vais offrir des "petites cloches" pour Noël :-)

    Les avis tout aussi enthousiastes de  Cuné, Cathulu, Antigone, Bellesahi, Clarabel, Béatrix., Arlette.. Philippe, Sylire, Amanda