C'est son éditeur qui a demandé à Fumiyo Kouno d'écrire une histoire sur Hiroshima. Elle habitait cette ville mais ne faisait pas partie des "hibakusha" (nom donné aux victimes de la bombe A). Elle avait compulsé plein d'archives sur le bombardement d'Hiroshima, lut des témoignages sur les victimes de la bombe, mais n'avait encore jamais eu le cran d'écrire une histoire sur le sujet. Voilà qui est fait avec ces deux récits.
"La ville du Yunagi" se situe à Hiroshima dix ans après la bombe. Des commémorations sont prévues pour que ne recommence jamais cette tragédie. Minami travaille dans un atelier de confection, vit avec sa mère et est courtisée par un collègue. Pourtant elle ne réussit pas à vivre normalement, les images du bombardement la hantent depuis ce jour où son père et sa soeur sont morts. Les défunts l'accompagnent, l'empêchant de vivre sa vie et l'attirant même vers eux inéluctablement à cause des effets secondaires de l'irradiation.
Dans "Le pays des cerisiers", l'histoire se déroule trente ans plus tard et se concentre sur Nanami, une petite fille dont la relation de parentée avec Minami sera révélée au fur et à mesure. Puis une dernière partie qui se déroule de nos jours permet de retrouver les victimes de la bombe et leurs descendants et Nanami devenue adulte, qui se retourne sur cinquante ans de vie familiale marquée par les effets de la bombe.
Contrairement à "Gen d'Hiroshima" (que je n'ai pas encore lu) qui décrit le bombardement lui-même, ce manga montre la vie après et les conséquences de la bombe sur la vie quotidienne et les habitants de la ville. Ce sujet difficile est traité avec délicatesse par un auteur qui souhaite que l'on puisse en parler sans tabou au Japon et dans le reste du monde.