Ce film d'animation, une coproduction France, Allemagne et Israel, a été présenté au Festival de Cannes. Autobiographique, il revient sur les souvenirs de l'auteur, israélien, pendant ses années de guerre au Liban, alors qu'il était jeune soldat de Tsahal. Ou plutôt sur son absence de souvenirs puisque c'est à la suite de sa rencontre avec un de ses amis de l'époque, en proie à des cauchemars récurrents, qu'il se rend compte que lui-même a complètement occulté cette période de sa vie. La nuit suivante il fait un rêve lui rappelant cette période et là il n'aura de cesse d'interroger ses anciens amis et d'essayer de retracer exactement ce qui est arrivé. Et bien sûr on se rend compte que chacun a sa vérité et sa mémoire des événements. Des anecdotes sans importance, des moments héroïques ou tragiques, et surtout une incohérence avec les versions officielles des événements. Notamment dans la narration du massacre des réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila par les phalanges chrétiennes qui a lieu sous les yeux décontenancés des jeunes soldats de Tsahal.
Ce film, pour adultes bien sûr, retrace magnifiquement les méandres de la mémoire et la difficulté de reconstituer le passé. L'animation est vraiment exceptionnelle et permet de magnifiques effets de couleurs et de relief. Le propos est difficile et l'auteur ne minimise pas le tragique des situations, mais il ne donne pas de leçon non plus. Il ne s'agit pas de refaire l'Histoire mais de montrer la vision des simples soldats et leur rôle dans les événements historiques, comme Fabrice Del Dongo à la bataille de Waterloo dans La Chartreuse de Parme !