Le premier homme . - Albert Camus (Gallimard, 1994 ; Folio, 2000) (23 novembre 2007)
La lecture du roman de Louis Gardel sur son enfance en Algérie m'a donné envie de relire le magnifique livre d'Albert Camus, Le premier homme. Découvert après sa mort, il est resté inachevé et c'est donc le manuscrit non terminé qui a été édité.
Présenté comme un roman, ce récit est en fait une autobiographie du jeune Albert Camus dans l'Algérie des années 1910 et 1920. Né dans une famille très pauvre, orphelin de père très tôt (son père est mort à la guerre), il est élevé par sa grand-mère à la forte personnalité qui dirige toute la famille. Sa mère, handicapée par sa quasi-surdité, restera toujours aimante avec lui mais discrète et obéissante envers cette grand-mère toute puissante. Le frère de sa mère, sourd, gardera par contre une aura magique auprès du jeune Albert. Malgré son handicap, il est gai, sociable et aimé de tous. Tous ces portraits sont magnifiquement peints par Camus qui donne un aspect presque proustien à cette famille.
Toutes ces années sont longuement expliquées, décrites, rattachées aux événements historiques, tout en restant très attachantes et très vivantes. L'épisode qui est le plus frappant et qui m'était le mieux resté en mémoire, est celui de l'école primaire. L'instituteur, Monsieur Germain, que Camus ira voir régulièrement jusqu'à sa mort, a su donner à ses élèves la passion d'apprendre et a souhaité que trois d'entre eux aillent au lycée et aient une bourse. Quand Camus l'annonce à sa grand-mère, celle-ci refuse tout net car ils sont trop pauvres et le garçon doit travailler pour aider la famille ! Il faudra toute la persuasion de l'instituteur pour que Camus aille au lycée..... et ait bien plus tard le Prix Nobel de littérature !
La beauté de ce livre vient bien sûr du contraste entre la pauvreté de cette enfance et ce que deviendra ensuite l'auteur. Elle vient aussi du lyrisme avec lequel Camus parle longuement de son pays, de ses parfums et de ses couleurs. Même au sommet de la gloire, Camus n'oubliera jamais l'Algérie, sa terre, sa famille et toute sa communauté sans lesquels il ne serait sans doute pas l'homme qu'il est devenu.
07:00 Écrit par Cathe | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : camus albert | Imprimer | del.icio.us | Facebook |
Commentaires
J'aime beaucoup cette photo de Camus.
Volià bien longtemps que je n'ai pas lu cet auteur !
Écrit par : sylire | 23 novembre 2007
@ sylire : oui, dès fois on se dit que l'on devrait plutôt lire ou relire des auteurs comme ça plutôt que les romans d'aujourd'hui ;-)))
Écrit par : cathe | 24 novembre 2007
L'idéal serait de pouvoir faire les deux, mais comment trouver le temps ?
Écrit par : Sylire | 24 novembre 2007
je n'ai jamais lu Le Premier homme, et après avoir lu ce billet, ça va être le prochain livre que j'emprunte à la bibliothèque! Ce qui me paraît surtout fascinant, c'est d'avoir accès à un texte resté en chantier, comme si on entrait dans l'atelier de Camus pour lire ce qu'il n'a pas eu le temps de publier... Et puis l'ambiguité entre fiction et autobiographie, le regard de l'homme sur son enfance et ses origines, tout cela m'attire vers ce livre.
Écrit par : Hubert | 06 décembre 2007
@ Hubert : il ne pourra que te plaire :-)
Écrit par : cathe | 07 décembre 2007
très bel article sur ce livre de Camus que j'a adoré
et dire que ce livre était dans sa sacoche au moment de sa mort
Écrit par : denis | 16 novembre 2009
@ denis : j'en reparlerai avec plaisir le 4 janvier ! (et en relirai encore des extraits)
Écrit par : cathe | 16 novembre 2009
moi aussi j'aime beaucoup cette photo de Camus
Écrit par : agnes | 07 avril 2010