La fortune de Silla. - Fabrice Humbert (Le Passage, 2010) (13 janvier 2011)
Un incident dans un grand restaurant parisien : un enfant un peu trop agité, un serveur qui manque de tomber et qui lui prend le bras pour légèrement le pousser, le père de l'enfant qui se lève et frappe violemment le serveur. Les autres clients regardent, médusés, mais personne n'intervient.
Qui étaient ces clients ? Parmi eux un couple de Russes, elle universitaire, lui oligarque russe ; deux jeunes Français, traders ; un gros entrepreneur américain (celui qui a frappé), son fils, sa femme. Et Sila, le serveur. Qui sont-ils, pourquoi sont-ils là ce soir-là, où en sont-ils de leur vie ?
Fabrice Humbert va nous faire tout à tour partager leur itinéraire jusqu'à cette soirée au restaurant où quelque chose va changer pour chacun d'eux. Rien ne sera jamais plus pareil après cet incident.
Dans ce magnifique roman, Fabrice Humbert nous dresse un tableau féroce de personnages qui tentent de réussir coûte que coûte dans ce monde, même et surtout en écrasant les plus faibles. Le monde de la finance y est méticuleusement décrit, sans jamais lasser. Les personnages sont bien présents avec leurs forces et leurs faiblesses mais comme soumis à un destin inéluctable. En revanche la morale est sans appel : moins on est honnête, mieux on réussit dans notre société ! Ce n'est pas nouveau, certes, mais ici c'est montré avec beaucoup de cruauté et la "fortune" de Sila est bien prise dans le sens "hasard" et non pas "richesse" !
Un dernier compliment à Fabrice Humbert : voilà un auteur qui sait terminer ses romans !
05:00 Écrit par Cathe | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : humbert fabrice | Imprimer | del.icio.us | Facebook |
Commentaires
Tout-à-fait d'accord avec ton billet, j'ai beaucoup aimé ce roman et il ne faut pas se laisser rebuter par l'aspect finance, il est très bien traité, sans le moindre ennui.
Écrit par : Aifelle | 13 janvier 2011
Lecture prévue bientôt, je l'ai réservé à la BM !
Écrit par : sylire | 13 janvier 2011
Je suis moins enthousiaste que toi, trop manichéen à mon goût, trop froid. Et pourtant le beau Fabrice avait des atouts pour me plaire...
Écrit par : Hélène | 13 janvier 2011
Les avis étant positifs dans l'ensemble, je l'ai noté mais j'ai encore son précédent roman à lire ... le pauvre traine dans ma PAL depuis un bon moment !!
Écrit par : Joelle | 13 janvier 2011
Je l'ai réservé à la bilbio, une lecture pour bientôt j'espère !
Écrit par : clara | 13 janvier 2011
@ aifelle : j'ai mis ton billet en lien
@ hélène : oh ce n'est pas toujours manichéen, les deux traders notamment...
@ joelle : lis son précédent, il est magnifique !
@ sylire et clara : vous avez une bonne bibliothèque ;-)
Écrit par : cathe | 13 janvier 2011
Je n'avais pas vraiment accroché à son premier L'origine de la violence, même si j'avais rencotré Fabrice Humbert lors de la remise du Prix Orange qu'il avait eu (j'étais juré). Je parlais déjà, comme Hélène (qui était jurée aussi) de manichéisme qui me gênait. Je crains qu'il ne soit à nouveau retonbé dans ce travers. Quant aux atouts dont tu parles, Hélène, ce n'est pas très littéraire tout cela...
Écrit par : Yv | 14 janvier 2011
@ yv : davantage que manichéen, je dirais qu'il a une vision très pessimiste, très noire de notre société. Donc en effet il y a du noir, du très sombre...
Et je suis tout à fait d'accord avec les atouts dont parle Hélène... ;-)
Écrit par : cathe | 14 janvier 2011