Retour à Reims. - Didier Eribon (Fayard, 2009) (22 janvier 2010)
Je connaissais Didier Eribon comme biographe de Michel Foucault, je savais également qu'il avait écrit sur l'homosexualité. Cette fois c'est un récit personnel que nous propose l'auteur en revenant sur la période de son enfance. Une enfance qu'il a vécue à Reims dans un milieu ouvrier avec un père manoeuvre, une mère femme de ménage et un frère boucher. Une enfance qu'il a toujours soigneusement cachée une fois qu'il a "réussi" à Paris dans un milieu intellectuel, des souvenirs qu'il a lui-même occultés, une famille qu'il n'a pratiquement plus revue. C'est à la mort de son père qu'il retourne à Reims et prend le temps de parler avec sa mère.
Davantage qu'un récit autobiographique, Retour à Reims est l'analyse sociologique de la classe ouvrière dans les années cinquante et soixante. L'usine, le parti communiste, l'alcool en fin de semaine, l'apprentissage le plus tôt possible, l'homophobie,... Comment Didier Eribon est-il devenu un intellectuel reconnu, professeur de philosophie, théoricien de la question gay ? Et surtout pourquoi dans son parcours professionnel a-t-il abordé les questions de l'exclusion de nature sexuelle mais jamais de l'exclusion sociale ?
J'ai été très touchée par ce livre très beau et très pudique qui restitue le parcours personnel d'un individu qui a trouvé sa voie d'une manière personnelle, en découvrant la philosophie à l'adolescence, en acceptant son homosexualité, en reniant ses origines sociales. Ce récit qui fait plusieurs fois référence aux livres d'Annie Ernaux présente en effet de nombreuses similitudes avec Mes années ou La place, c'est la recherche d'une identité et aussi une histoire très intime.
05:00 Écrit par Cathe | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : eribon didier | Imprimer | del.icio.us | Facebook |
Commentaires
Cela me fait aussi un peu penser à Atelier 62 de Martine Sonnet mais cela ne me tente pas vraiment (vu l'époque décrite). Et je profite de mon passage pour te souhaiter une excellente année 2010 :)
Écrit par : Joelle | 22 janvier 2010
@ joelle : très bonne année à toi aussi :-)
Écrit par : cathe | 22 janvier 2010
J'ai la même "image" d'Eribon que toi, biographe de Foucault et spécialiste de la question homosexuelle.
Malgré tout, j'hésitais à considérer ce livre de plus près, même si son histoire personnelle et la mienne présentent de nombreuses similitudes dont les plus flagrantes sont Reims et l'homosexualité.
Ton billet m'a persuadé de réviser ma position. Je devrais certainement y trouver mon compte.
Écrit par : In Cold Blog | 22 janvier 2010
@ incoldblog : j'ai tout de suite pensé que ce livre t'intéresserait. Et si en plus tu es de Reims...
L'auteur de ce blog aussi a les mêmes "similitudes" http://historianman.over-blog.net/
Écrit par : cathe | 22 janvier 2010
Tu "parles" très bien de ce livre et plusieurs thèmes m'intéressent, l'usine, l'exclusion sociale, les années 60, la référence à Annie Ernaux achève de me convaincre.
Écrit par : Aifelle | 22 janvier 2010
Tout pareil que Ailfelle...
Écrit par : sylire | 22 janvier 2010
@ aifelle et sylire : bon ben les filles yapuka ;-)
Écrit par : cathe | 22 janvier 2010
Une colègue m'avait conc-vaincu de l'acheter, après ton commentaire je me dois de le lire...
Écrit par : Michel | 22 janvier 2010
@ michel : alors là tu n'as plus le choix ;-)
Écrit par : cathe | 22 janvier 2010