Une vie . - Simone Veil (Stock, 2007) (13 mai 2008)
La lecture du billet de Sylire m'avait confortée dans mon envie de lire cet ouvrage. Je ne lis jamais de livre de personnalités politiques, mais Simone Veil est un peu à part.
Dès son enfance, elle affirme sa personnalité. Cadette d'une famille de quatre enfants, son enfance se déroule de manière très heureuse avec des parents juifs mais patriotes et laïques. D'origine yiddish, ils accordent beaucoup d'importance à la culture et elle est très tôt baignée dans un univers littéraire. Pourtant dans les années trente, la crise économique et les événements en Allemagne commencent à inquiéter sa famille. La vie devient difficile. Ils sont en zone libre mais en 1944 ils ne peuvent pas échapper aux rafles. D'abord détenue à Drancy avec sa mère et sa soeur, elles laissent son frère et son père dans le camp, croyant les sauver (ils seront déportés et tués). Quant à son autre soeur, elle est entrée dans la Résistance et ne donne pas de ses nouvelles (elles la retrouveront après la guerre). La suite est hélas connue. Elles sont déportées à Auschwitz et y resteront d'avril 1944 à mai 1945, passant entre temps dans un autre camp, puis terminant pas la "marche de la mort" en quittant Auschwitz et regagnant d'autres camps (sa mère mourra du typhus). C'est cette période qui a fait de Simone Veil ce qu'elle est, cette personnalité unanimement respectée à droite comme à gauche. Tout son itinéraire politique sera dans le droit fil de ce qu'elle est devenue après cette expérience, quelqu'un qui défendra les libertés, la tolérance, la démocratie, et les femmes aussi bien sûr.
L'itinéraire qu'elle retrace ensuite est plus "classique" et reprend les différents postes qu'elle a occupés dans les cabinets ministériels, au Gouvernement et à l'Assemblée européenne. Elle a toujours fait preuve d'une extrême pugnacité pour défendre ses idées, notamment à l'occasion de la loi sur l'avortement mais aussi dans d'autres circonstances. Je dois dire que je ne suis pas toujours d'accord avec ses prises de position politique, et son admiration pour Balladur, Chirac ou Sarkozy m'ont souvent hérissé le poil, mais elle a des qualités humaines indéniables qu'elle a su mettre au service de causes très importantes. Sans avoir été emballée absolument par ce livre, j'ai apprécié de mieux connaître la jeunesse de cette femme, notamment son passage dans les camps qu'elle relate avec une extrême pudeur.
Lisez l'avis de Sylire qui est plus enthousiaste que moi
06:00 Écrit par Cathe | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : veil simone | Imprimer | del.icio.us | Facebook |
Commentaires
Ayant présenté ce livre-témoin dès sa sortie, quel n'a pas été mon étonnement de lire ensuite dans Libé une critique au style à tout le moins original.
Soit l'affirmation que cet ouvrage n'avait point été écrit par Simone Veil. Cette affirmation très claire était suivie d'un point d'interrogation !?!
Aucun nom d'autre plume. Juste une insinuation gratuite et nette.
Puis silence total dans toute la presse. Ni interrogations, ni confirmations, ni démentis.
Drôles de moeurs littéraires...
Écrit par : Mazures | 13 mai 2008
@ mazures : tout ce que je peux dire, c'est que c'est écrit correctement mais sans "style" particulier. Je pense qu'elle est tout à fait capable d'écrire toute seule un livre comme celui-là !!
Écrit par : cathe | 13 mai 2008
Il est vrai que le style est ... comment dire ? sans relief. Mais pour les rescapé(e)s de la Shoah - et en particulier d'Auschwitz -, mettre des mots sur ce qui fut si longtemps (si pas encore) considéré comme incommunicable, c'est à la fois terriblement douloureux et quasi impossible.
Ceci pourrait expliquer un style si peu chaleureux, dépourvu de tout effet.
Simone Veil explique d'ailleurs sans détours quelques raisons du silence des revenants : l'incrédulité rencontrée à leur retour, les accusations de mensonges même ou alors une parfaite indifférence !
Raison de plus pour la laisser en paix en lui épargnant des soupçons qui, jusqu'à présent, restent infondés.
Écrit par : Mazures | 13 mai 2008
@ mazures : oui, son témoignage sur les camps et sur le retour des camps est à la fois très pudique et très poignant.
Écrit par : cathe | 13 mai 2008
Je comprends très bien tes réticences sur ce livre. Je ne partage pas non plus certaines de ses convictions politiques mais elles me paraissent sincères et c'est ce qui m'importe. Il est normal de ne pas être d'accord avec tout le monde.
Effectivement il n'y a pas de style particulier. Ce n'est pas une oeuvre littéraire à proprement parler. Je serais surprise, la connaissant, qu'elle n'ait pas écrit elle-même ce livre. Ce serait en totale contradiction avec tout ce qu'elle a fait dans sa vie !
J'ai relevé comme toi sa pugnacité. Il n'y a pas de terme plus adéquat !
Écrit par : sylire | 13 mai 2008
@ sylire : en tout cas cela reste un livre intéressant, nous sommes bien d'accord :-)
Écrit par : cathe | 13 mai 2008
Encore une fois tes lectures rejoignent mes envies ! :) Parle-t-elle en détail de son combat pour la loi autorisant l'avortement ?
Écrit par : cathulu | 14 mai 2008
@ cathulu : oui elle s'attarde longuement sur ce combat
Écrit par : cathe | 14 mai 2008
Je pense que je le lirais, toi et Sylire, vous m'en avez donné envie d'en savoir un peu plus !!
Écrit par : florinette | 19 mai 2008
@ florinette : je pense que ce livre peut t'intéresser
Écrit par : cathe | 19 mai 2008
C'est un livre que j'ai réellement envie de lire parce que j'ai beaucoup d'admiration pour cette femme qui a énormément souffert physiquement et moralement. Sa vie n'a pas toujours été un long fleuve tranquille. Hormis sa déportation et les horreurs vécues du fait de sa condition de Juive, elle a dû subir les oppositions radicales et masculines lors de la présentation de son texte défendant le droit à l'avortement. Que l'on soit d'accord ou non avec ses idées morales et politiques, je crois qu'elle est une grande Dame de notre histoire politique et sociale contemporaines de notre pays. Merci Cathe pour ce beau billet.
Écrit par : Nanne | 25 mai 2008
@ nanne : tout à fait d'accord avec toi !
Écrit par : cathe | 26 mai 2008