L'étourdissement. - Joël Egloff (Buchet-Chastel, 2005) (05 août 2005)
Joël Egloff nous propose ici une histoire sans lieu ni date avec un héros sans nom. Son monde, l'abattoir où il travaille dur, la maison malmenée par les lignes à haute tension et les vibrations des avions qui décollent, la fumée des usines, la décharge... Le week-end on va pêcher dans la rivière polluée ou ramasser des objets abandonnés dans la forêt. Pourtant le narrateur ne s'apitoie pas sur lui-même. La quatrième de couverture parle d'humour et de poésie. C'est vrai que le désespoir est masqué par l'extraordinaire vitalité des personnages qui, c'est sûr, rêvent de partir ailleurs, mais sont quand même attachés à cet horizon fermé qui est le leur.
L'atmosphère m'a fait penser aux romans de Mingarelli (d'ailleurs je viens de lire dans une interview qu'Egloff et Mingarelli se connaissaient bien). Ici les personnages sont plus volubiles, mais on les sent habités par un même poids du destin qui fait que, quoi qu'il arrive, ils doivent subir leur vie plutôt que la diriger. "C'est pas une vie" dit le narrateur à son ami, "C'est la nôtre pourtant" ! Beckett et Céline ne sont pas loin...
11:00 Écrit par Cathe | Lien permanent | Commentaires (4) | Imprimer | del.icio.us | Facebook |
Commentaires
Pour la ressemblance avec Mingarelli, je suis 100% pour ! Pour ma part, je l'ai récemment remarqué en lisant "une rivière verte et silencieuse". Quel univers semblable : glauque mais pourtant poétique et accrocheur ! Je suis k-o !
Par contre, j'avais auparavant lu "edmond ganglion et fils" de joel egloff mais j'avais trouvé qu'il manquait quelque chose... Pourtant je n'abandonne pas l'idée de découvrir le reste de Joel Egloff, je vais au-devant de votre bibliographie ! ;-p
Écrit par : Clarabel | 16 août 2005
J'ai été vraiment enthousiasmé à la lecture de "L'étourdissement". Je l'ai fait lire à nombre d'amis. Une fois le livre lu, on a très envie de raconter autour de soi ces petits instants de vie du narrateur, qui sont de véritables sketches...
Dans le même genre, je recommande la lecture de "Royal cambouis" de Colin THIBERT (Folio policier). Vous pouvez me faireconfiance...
J'ai voulu découvrir les autres romans de Joel Egloff. J'ai donc lu son premier roman "Edmond Ganglion & fils" : je trouve moi aussi qu'il manque quelque chose... Cette histoire aurait pu tenir en une nouvelle. Cela me semble moins réussi.
Écrit par : Jean-Marie | 23 novembre 2005
Merci pour le commentaire
Visiblement Clarabel avait le même avis sur son premier roman. Mais c'est un auteur à suivre...
Et je note "Royal cambouis" sur ma liste.... .
Écrit par : Cathe | 24 novembre 2005
je decouvre EGLOFF.autant certaines lignes de EDMOND GANGLION me rappelaient parfois le style de VIAN autant la grise athmosphère de l'ETOURDISSEMENT evoque une oeuvre que je ne saurais trop vous recommander bien que son auteur ne soit plus guere lu : MES AMIS de emmanuel BOVE.
Écrit par : philippe | 17 février 2007