L'étourdissement. - Joël Egloff (Buchet-Chastel, 2005) (05 août 2005)

Joël Egloff nous propose ici une histoire sans lieu ni date avec un héros sans nom. Son monde, l'abattoir où il travaille dur, la maison malmenée par les lignes à haute tension et les vibrations des avions qui décollent, la fumée des usines, la décharge... Le week-end on va pêcher dans la rivière polluée ou ramasser des objets abandonnés dans la forêt. Pourtant le narrateur ne s'apitoie pas sur lui-même. La quatrième de couverture parle d'humour et de poésie. C'est vrai que le désespoir est masqué par l'extraordinaire vitalité des personnages qui, c'est sûr, rêvent de partir ailleurs, mais sont quand même attachés à cet horizon fermé qui est le leur.

L'atmosphère m'a fait penser aux romans de Mingarelli (d'ailleurs je viens de lire dans une interview qu'Egloff et Mingarelli se connaissaient bien). Ici les personnages sont plus volubiles, mais on les sent habités par un même poids du destin qui fait que, quoi qu'il arrive, ils doivent subir leur vie plutôt que la diriger. "C'est pas une vie" dit le narrateur à son ami, "C'est la nôtre pourtant" ! Beckett et Céline ne sont pas loin...

11:00 Écrit par Cathe | Lien permanent | Commentaires (4) |  Imprimer |  del.icio.us |  Facebook |